Page 40 - Des ailes pour le Brésil
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Tout le monde m’avait oublié.
Le nid familial s’était désintégré, je ne savais plus comment battre
des ailes.
Ma mère, dans une grande précarité, suite à un mariage dont elle
s’efforçait d’assumer l’échec, avait quitté Paris avec mes sœurs. Elle
avait acquis une vieille abbaye près d’Angers.
Une de ses passions était l’écologie, elle consacra une grande partie
de sa vie à l’agriculture et à l’élevage des canards.
Elle fut aussi la première à planter des pommes biologiques en
Anjou.
Elle faisait preuve de bienveillance et d’altruisme envers son
prochain, même un peu trop peut-être parfois.
Je garde une grande admiration pour ma mère, avec laquelle je
partageais une ardente inclinaison pour la musique classique.
Je l'ai entendue des nuits entières jouer de ses deux instruments
préférés : le violon et la guitare.
Ma mère était en outre profondément croyante, elle ne
supportait pas l’iniquité sociale.
Elle avait le goût du religieux et du sacré, ce qui lui offrait une
alternative à la médiocrité de la société.
Fervente catholique, elle pratiquait sa religion avec dévotion, et elle
vivait sa foi simplement, d’une façon humble et quasi-monacale, en
ne se plaignant que très rarement.
Dès l’aube, dans son domaine, elle travaillait durement pour élever
mes quatre dernières sœurs.
Sa santé était précaire, elle dormait mal et peu.
Le pain biologique était cuit dans un vieux four à bois moyenâgeux,
tout devait être écologique.
Tous les ans, elle partait faire son tour de France accompagné
de son fidèle compagnon Hello son chien policier dans sa vieille 2
CV Citroën.
Elle campait devant les plus beaux paysages de nos belles montagnes
en Lozère, ce qui lui permettait de prendre de nouvelles forces et se
ressourcer par la contemplation et la méditation.