Page 36 - Des ailes pour le Brésil
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Pendant le vol du retour, nous avions la peur au ventre nous
pensions qu’un moteur pouvait nous lâcher de nouveau !
Nous étions à la merci de ces damnés tours-minute, même si
nous savions que cet appareil pouvait voler avec un seul moteur.
Les questions qui nous préoccupaient étaient de savoir, en cas de
nouvelle avarie, combien de temps l’avion pourrait voler, et où il
pourrait atterrir sans trop de casse, dans le désert ou dans la brousse.
Nous avions chargé de lourdes caisses avec précaution et quelques
bouteilles de whisky et de pastis.
À cette époque, les boissons étaient détaxées dans ce pays et les
militaires en bons consommateurs d’alcool en profitaient largement.
En février 1958, la Mauritanie est en zone militaire saharienne,
le ravitaillement par voie aérienne était vital, c’est la raison pour
laquelle plusieurs opérations militaires nous furent confiées.
Un peloton de l’armée de l’Air était basé dans la ville d’Atar,
au camp Lecocq.
Sa mission consistait à surveiller les frontières, pour éviter les
infiltrations. Nous étions en pleine guerre d’Algérie, avec en plus,
des troubles du côté du Maroc Espagnol.
L’opération « Ouragan »
Nos avions de chasse T6 gardaient la frontière entre la Mauritanie
et l’Algérie.
Ils mitraillaient souvent, sans pitié, les caravanes de chameaux
supposées transporter des armes.
Nous atterrissions avec le Nord Atlas sur des pistes à peine
défrichées, ou seuls les noms évoquent l’aventure et l’inconnu aux