Page 33 - Des ailes pour le Brésil
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Un jour, de retour d’une opération en brousse, où j’avais vu les
restes d’un pilote qui s’était craché en hélicoptère, on me raconta la
triste fin d’un chien militaire de guerre lequel j’avais pris en affection.
Pendant mes tours de garde avec son maitre-chien nous avions
l’habitude de patrouiller la nuit autour des avions.
Alors que son maître était parti en permission en France, ce
molosse avait réussi à s’échapper de la base et semé la terreur dans
la proche médina. De peur, les Africains, armés de machettes,
avaient tenté de le tuer. Après un long combat sanglant, blessé, il fut
achevé par la police militaire.
De nombreux villageois furent amenés à l’hôpital.
Ma santé a gardé des séquelles de cette période africaine :
paludisme, amibes, typhus. Encore, actuellement, se réveillent de
petites crises de malaria.
La dernière fois que je suis allé à Dakar dans les années quatre-
vingt, j’ai dû essuyer sur mon visage un crachat après avoir été traité
de « sale toubab » : « Sale blanc » en langue wolof.
Cela est bien triste et pathétique pour ce pays que j’ai aimé à
l’époque où j’y ai vécu.
Après cette insulte, je n’ai jamais remis les pieds sur le sol africain,
mais tous ces souvenirs bons ou moins bons sont toujours enfuis
dans ma tête.
Quand je pense que le président Léopold Sédar Senghor m’avait
dédicacé un livre pour me récompenser du travail effectué dans le
cadre de la promotion du tourisme au Sénégal !
Il m’arrivait de participer à des missions de convoyage.
L’avion le plus fréquemment employé était le bruyant Nord Atlas
2 501, au confort réduit, aux sièges en toile, alignés sur chaque bord
de la carlingue.
Les « toilettes » étaient remplacées par une passe coque, un tuyau de
caoutchouc et un entonnoir, utilisables exclusivement par des
hommes.