Page 32 - Des ailes pour le Brésil
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Ce genre de rencontre dans les années cinquante avec des lions était
                  rarissime dans cette région du Sénégal.

                  Aujourd’hui,  le  petit  nombre  de  fauves  vivant  dans  ce  pays  est
                  parqué  dans  la  réserve  du Niokolo-Koba  où  j’ai  été  dans  mes

                  nombreux séjours dans ce pays.
                       Le  climat  du  Sénégal  est  pendant  huit  mois  semi-aride  et

                  certaines zones au nord sont désertiques.
                  En août, généralement, débute la saison des pluies, « l’hivernage »,
                  avec les premiers signes de la renaissance de la nature.

                  Dès que les premières gouttes de pluie tombent, la terre dégage une

                  odeur particulière qui sent bon nommées le « petrichor ».
                      À la tombée de  la nuit,  des armadas d’éphémères virevoltent
                  autour des lampadaires blancs et se brûlent les ailes.

                  Alors les scorpions noirs sortent de leurs cachettes, la vie change
                  radicalement,  y  compris  les  habitudes  et  les

                  comportements  des  individus.  Le  matin,  tôt,  un
                  soldat  africain  avait  pour  coutume,  au  début  de

                  l’hivernage, de nettoyer à grands coups de balai les
                  abords du bâtiment.

                  Il rassemblait méticuleusement en petits tas ces bestioles noires et
                  ensuite les enflammait pour les voir se tortiller dans l’agonie. Il paraît

                  qu’avec leurs aiguillons, ils se piquent pour mourir plus vite avant de
                  se consumer dans les flammes !

                      Leurs congénères venimeux, les serpents, sont aussi nombreux
                  dans  ce  pays,  comme  le  terrible  Mamba  noir  7qui  cause
                  actuellement de nombreuses morsures dont 300 mortelles par an.

                  Je n’ai jamais aperçu cette espèce et heureusement, parce que sa
                  particularité est d’attaquer toute âme qui vit aux alentours.

                      Dans  l’armée  coloniale  d’Afrique,  il  existait  une  sorte  de
                  bizutage. Quand un militaire engagé arrivait avec son épouse de la

                  métropole, nous l’invitions à essayer le redoutable aphrodisiaque
                  que sont les ailes de cantharides.

                       Nous imaginions en ricanant la raison de son absence prolongée
                  dans sa petite villa ! Plaisanterie bien militaire.
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