Page 28 - Des ailes pour le Brésil
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classe était une véritable carapace d’orgueil - avec eux, je n’avais rien
                  en commun.


                   Comme,  en  outre,  je  ne  parlais  qu’un  mauvais  Portugais,  le
                  désamour était total et profond.


                         Un jour, je me suis battu avec un des membres du club qui
                  prétendait que nous avions perdu la guerre et que les Français étaient

                  des lâches, ce qui n’est d’ailleurs pas tout à fait inexact.

                         J’allais dans cet endroit pour échapper à l’ennui et à l’autorité

                  pesante de ma tante, mais surtout pour rouler doucement dans la «
                  Packard  convertible  »  capote  baissée,  le  long  des  plages  de  «
                  Copacabana et Ipanema ».


                  J’admirais  les  agréables  silhouettes  couchées  sur  le  sable  qui
                  s’étalaient à mes yeux.


                  Un vrai plaisir qui a bien changé à l’heure actuelle !

                   Ces  créatures  avaient  pour  moi  un  tout  autre  intérêt  que  de

                  morfondre dans l’appartement de ma tante…

                                        La Packard ralentissait de temps à autre, et même

                                        s’immobilisait.  Le  séjour  fut  court,  quelques
                                        souvenirs  sont  restés  bien  gravés.  Ce  voyage  au

                                        Brésil fut le deuxième d’une longue suite.

                  Quelque temps après je fus mobilisé place Balard à Paris.




                  CHAPITRE II.

                  Des ailes tricolores, 1957-1960 le Sénégal colonial, requin-baleine,
                  la lionne, l’avion Nord Atlas.

                            Mon  service  militaire  débute  fin  1957,  par  trois  mois  de
                  « classes », sur une base, au milieu d’une immense plaine balayée

                  par  le  vent,  comme  l’armée  aime  les  choisir.  Dans  ce  lieu
                  inhospitalier  d’Orléans  Bricy,  à  l’aube,  en  plein  hiver,  le  réveil

                  s’accomplissait  en  short,  dans  la  boue  gelée.  Nous  devions
                  apprendre les exercices de combat, le maniement des armes, ainsi
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