Page 26 - Des ailes pour le Brésil
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Mon salaire de grouillot d’Air France était une misère, mais par
contre après un an de présence, il ouvrait la porte aux fabuleux « GP
II » qui se traduisaient par une
réduction de 90 % sur le prix du
billet d’avion, en fonction des
places disponibles sur les vols. En
guise de café croissant à cette
époque, je sautais dans le premier
vol pour Londres pour prendre
les Vickers Viscount - aux vastes
hublots ovales.
Dans la même journée, j’effectuais un vol aller-retour à
Londres pour faire des emplettes et des affaires avec nos « angliches
».
Ces voyages avec les achats me permettaient d'arrondir mes fins de
mois toujours assez difficiles, et me valaient en récompense les
sourires bienveillants de clientes friandes de cachemires, de l’ordre
de 40 % moins cher que chez nos amis les british.
Lors d’un stage à l’agence d’enregistrement des bagages d’Air
France dans l’esplanade des Invalides, nous avons vu arriver à notre
comptoir un Africain traînant avec difficulté une grande malle en
bois.
Nous lui avons demandé quel était le contenu de cette étonnante
caisse. Il nous répondit dans une totale innocence que c’était son
père qu’il allait enterrer à Dakar, cela était pitoyable et risible.
Quand les vols d’Air France n’étaient pas complets, on pouvait
même atteindre « le paradis ».
En 1957, en voyageant pour Rio de Janeiro, je me suis gavé
pour la première fois de ma vie d’une boîte d’un excellent caviar -
là-haut, dans les cieux à bord d’un avion constellation Super Star. !
Il est vrai que j’étais ce jour-là le seul passager dans la cabine
première et que j’ai pu allonger mes longues jambes et passer une
excellente nuit.