Page 21 - Des ailes pour le Brésil
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Je me considérais comme le sacrifié, le mal aimé d’une famille de
sept enfants. Quand je passais les rares fins de semaine à la maison,
je dormais sur un lit métallique dans un petit cagibi.
On m’avait attribué une corvée qui était d’aller tôt le matin chercher
pour la famille le pain et le lait. Je devais ensuite quand j’étais à Paris
promener mes sœurs au Parc Monceau.
À douze ans, j’étais déjà « haut sur pattes » et pour la première
fois, pendant les vacances j’ai gagné mes premiers sous à la foire de
Louhans en Saône-et-Loire. J’avais réussi à me faire engager pour
un petit boulot de quelques jours sur un manège d’autos
tamponneuses.
Je devais sauter prestement de l’une à l’autre des autos électriques
pour récolter l’argent des clients.
Le travail était fatigant, sans doute tumultueux, et même dangereux,
mais à mon point de vue, bien payé !
Plus tard, j’ai lavé des voitures et vendais des billets de tombola
pendant les week-ends pour me faire un peu d’argent de poche...
Mon frère et moi étions inéluctablement expédiés pour passer
l’ensemble de nos vacances scolaires en colonie de vacances ou bien
dans les camps de scouts.
Je me souviens quand j’étais scout - à la patrouille des léopards,
j’allais parfois les fins de semaine, aider les personnes âgées.
Mes actions auprès des personnes abandonnées ont été une de
mes premières visions de la misère - celle du crépuscule de nos
anciens.
À l’occasion des fêtes religieuses, nous faisions également la quête à
la sortie des églises et distribuions des journaux paroissiaux, c’était
nous disaient-ils notre façon de faire la B A. « bonne action ».
La vie en groupe me fit découvrir l’apprentissage des
expériences partagées comme les marches de jours et de nuit dans
le froid où la chaleur qui soi-disant aguerrit et virilise. Je ne regrette