Page 22 - Des ailes pour le Brésil
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pas d’avoir connu le plaisir et la joie des feux de camp à la tombée
                  de la nuit et d’avoir appris à chanter.


                  Aussi, j’acquis l’expérience du montage des tentes, l’inconfort du sac
                  de couchage ou encore les fréquentes bagarres à la « garuche 3 » - la

                  guerre n’était pas si loin, elle s’était terminée en septembre 1945.
                  Durant les camps, nous mangions les fameuses rations de « corned-

                  beef » qui avaient nourri les militaires américains, les « GIS ».

                  Ce  mot  composé  américain,  «  corned-beef  »,  lié  à  la  survivance,

                  poussera-t-il  mes  parents  à  me  faire  apprendre  l’indispensable
                  langue  anglaise,  inscrite  dans  les  inévitables  étapes  de  notre

                  génération ?

                  La  connaissance  de  cet  idiome  m’aura,  plus  tard,  je  dois  le
                  reconnaître beaucoup servi pendant ma vie professionnelle ainsi que

                  pendant mes voyages.

                         Me voici donc envoyé un été dans une école à Nottingham

                  dans la perfide Albion où j’appris dans une agréable famille à danser
                  le fox-trot et le quick step.


                   Mon  premier  baiser  fut  d’une  ravissante  petite  étudiante  aux
                  mèches blondes dans un cinéma, lieu où debout à la fin de la séance

                  ont écouté le God Save the Queen.

                         L’été suivant pendant un mois, je me retrouvais en bord de

                  mer  à  Bournemouth  où  un  couple  quelque  peu  revêche
                  m’hébergeait.

                  Le mari se glorifiait d’avoir fait la campagne militaire sous le régime

                  du Raj britannique en Inde, et en avait gardé la rigidité mentale.

                  Le couple m’accusa d’avoir volontairement rayé avec un tournevis

                  leur baignoire - surprenant fair-play anglais…

                  Ah  !  Les  petites  Anglaises,  heureusement  qu’elles  ont  été  les

                  héroïnes d’un film !

                  Pour les garçons de ma génération, elles le méritaient bien. C’est

                  quand même un comble de penser qu’avec notre réputation de «
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