Page 19 - Des ailes pour le Brésil
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La vie cloîtrée chez les prêtres était rythmée par la messe que
je servais en culottes courtes tôt aux sons des matines. Dieu que les
dalles en marbre de l’église sont froides pour les genoux pour
recevoir l’hostie matinale surtout n’ayant pas consommé le petit
déjeuner !
Du sacrement de la confirmation qui soi-disant marque une étape
de maturité spirituelle, je n’ai conservé bien réel, que le souvenir
d’un petit soufflet donné par un évêque.
Par contre, il est impossible de ne pas garder en mémoire les actes
autoritaires des prêtres éducateurs « les corbeaux en soutanes
noires » qui m’infligeaient des punitions.
Comme châtiment, je devais réciter à voix haute, souvent, à genoux
des cinquantaines de litanies « notre père et je vous salue Marie ».
Les gifles étaient beaucoup plus puissantes !
Des prêtres et du pensionnat, je garde des mauvais souvenirs ainsi
que les interminables cours de catéchisme et des homélies.
Comme vous l’avez constaté, je n’étais pas particulièrement un
brillant élève, les fins de semaine se traduisaient fréquemment par
la parole punition - mot entendu trop souvent, avec douleur - suivit
vers midi le vendredi de la sentence fatale de « retenue ».
Cela signifiait en clair que je ne pouvais pas rentrer chez moi.
Pendant ces fins de semaine, les curés et les pions trouvaient le
moyen de nous occuper cruellement.
Je copiais avec rancœur pendant des heures des textes dépourvus de
tout intérêt.
Avec mon stylo à plume et mon encrier, je remplissais d’une façon
abêtissante des pages et des pages ; la vitesse de croisière minimale
étant de quatre pages à l’heure. Je me sentais abandonné écorché
vif, le désespoir !
Proust disait que les meilleures années de sa vie avaient été les
plus douloureuses, car elles avaient contribué à forger l'homme qu'il