Page 24 - Des ailes pour le Brésil
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région, découragé, prévint ma mère que la mécanique n’est pas mon
futur.
Le diagnostic serait actuellement trouble de déficit de l’attention, ou
tout simplement manque d’intérêt pour cette profession de
mécanicien !
Mon plus décevant exercice était de limer droit avec les bras en
parallèle avec mon corps. La pièce de métal limé n’était jamais à
angle droit, à l’équerre. C’était désespérant !
Tout bien considéré, quand je laisse remonter mes vieux et meilleurs
souvenirs de cet endroit, ceux qui surgissent sont ceux d’une
immersion dans la musique classique.
Quand je me promenais solitaire, et souvent désabusé sur la
plage, je fredonnais à tue-tête la romance de l’ouverture grandiose
de l’opéra du Tannhäuser, cela me faisait du bien. Ce mouvement
crescendo, dans une apothéose puissante et calme, alliant le violon
et les cuivres, m’envahissait éperdument !
C’est dans ces moments de ma vie, que j’ai réalisé mon ingratitude
envers ma mère et que j’ai eu l’impression d’entrer dans mon moi-
réalité.
Ce qui est bouleversant, c’est que je n’ai pas su saisir cette chance de
réussir ma scolarité alors que j’en avais l’opportunité.
Combien de personnes sur terre n’ont pas à l’accès à l’éducation !?
Quel gâchis ! Et quel malheur pour ma mère !
Comme beaucoup de mes compatriotes, j’ai vécu, en 1956, à
Londres, où j’étais devenu un des piliers de la discothèque les «
Enfants Terribles » dans le quartier animé de Soho.
Je l’ai appris dernièrement, cette boîte existe toujours.
Tout ce désarroi, ce désordre de ma vie désespérait ma mère qui ne
pouvait plus supporter cette vie de débauche.
Par relation, elle réussit à me faire engager comme apprenti
vendeur à l’agence d’Air France de Londres pendant trois mois et