Page 31 - Des ailes pour le Brésil
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Quel effroi rétrospectif !
Sur l’Île de Gorée, en face de
Dakar, pendant une partie de
pêche sous-marine avec des amis
militaires, j’ai vu devant moi un
légionnaire se faire arracher le
pouce par un grand et combatif
barracuda ! Le malheureux l’avait
mal tiré, la corde de son fusil était
trop courte. Fatale et regrettable
erreur qui ne pardonne pas !
Avec le médecin et ami, lieutenant - colonel de la base, nous
allions chasser les canards sauvages et autres migrateurs « à la
passée », sur un grand étang marécageux du nom de Tamna, près
de Thiès.
C’était plutôt un marigot avec un plan d'eau peu profond, où nous
devions nous couvrir le visage afin de nous protéger des nuées de
féroces moustiques.
Un jour, embourbé jusqu'aux épaules dans ce marais, j’ai aperçu
de loin à travers une maigre végétation une lionne famélique qui
rampait pour attaquer un pélican.
Heureusement, je suppose que trop concentrée sur sa proie et peut-
être parce que j’étais à contrevent, elle ne m’a pas repéré.
De toute façon, j'aurais été
incapable de me défendre, enlisé
dans la boue avec mon fusil et
deux cartouches à plomb de
calibre huit, qui ne lui aurait pas
fait beaucoup de mal, elle m’aurait
probablement tué. Je suis resté
immobile un long moment, ne
sachant vers où elle allait se
diriger. J’ai eu tellement peur que
mon pantalon en a fait les frais !