Page 35 - Des ailes pour le Brésil
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de torchis vous observent nonchalamment en regrettant le temps où
                  passaient des caravanes de 20 000 dromadaires…

                  Toujours existe une vision des enfants qui jouent entre les murs ocre
                  et  quelques  chèvres  qui  dévorent  les  quelques  brins  d’herbes

                  existants.

                         J’ai  souvent  ressenti  « l’emprise  du  désert », en  revenant  au

                  premier contact d’une ville, après un long séjour dans les sables.

                  La première fois fut à Gao où les verres d’eau sont d’une taille peu

                  commune.
                   Dans ces vastes étendus sans repère pour nous, peuples des villes

                  et  du  béton,  des  campagnes  et  des  champs,  les  visiteurs  sont
                  accueillis avec un thé brûlant en signe de bienvenue.
                      Un  jour,  alors  que  nous  volions  entre  Thiès  et  Port  Étienne

                  (Nouadhibou, septième ville sainte de l’Islam) en Mauritanie, un
                  moteur nous lâcha, nous dûmes délester une caisse matériel lourd

                  par-dessus bord, pour diminuer le poids de l’avion.

                  L’avion  repris  de  l’altitude  progressivement,  lentement,  pour

                  retrouvait sa trajectoire, son assiette de vol.

                  Le pilote regardait sans arrêt son cadran « tour minute » du moteur

                  valide !

                  Je  brûle  encore  d’admiration,  quand  je  repense  au  mécanicien
                  ruisselant de sueur en plein soleil, vers midi, par plus de 45°C, en
                  équilibre périlleux, perché sur une échelle métallique.




                  Ce sous-officier s’évertua à trois reprises de régler méticuleusement

                  les  carburateurs  défaillants,  afin  que  nous  puissions  décoller  de
                  nouveau après plusieurs essais infructueux en bout de piste.




                   Pendant  ces  tentatives  de  décollage,  le  « point  fixe »,  l’avion

                  immobilisé  sur  le  tarmac  semblait  vouloir  incessamment  se
                  désintégrer,  accompagné  du  bruit  assourdissant  des  moteurs

                  tournant à plein régime.
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