Page 38 - Des ailes pour le Brésil
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Les missionnaires, les Pères Blancs, présents dans ces lieux
perdus, nous recevaient toujours aimablement.
De nos jours, plus d’un millier de ces religieux sont encore présents
dans les pays d’Afrique.
J’ai aussi accompagné une mission sanitaire en Guinée à Labé.
Le choléra était toujours menaçant, il fallait enrayer la progression
de cette mortelle pandémie.
L’armée m’a enseigné le mot crapahuté que je n’ai jamais
oublié, pour les opérations en brousse et les parcours du
combattant.
L’état-major de Dakar avait coutume, quand il recevait des
militaires anglais venant de la ville de Bathurst en Gambie (British
Gambia), de faire appel à mon anglais pour traduire au mieux leurs
conversations.
Je faisais partie du décor dans mon triste uniforme marron clair.
J’enviais les officiers de la couronne britannique, « so british »
dans leurs beaux et impeccables uniformes blancs, si bien repassés.
Un jour, des paysans d’un proche village avaient fait appel à l’armée
pour éradiquer une harde de phacochères qui ravageaient leurs
cultures d’arachides.
Le corps de l’aviation avait été choisi pour accomplir la mission
punitive.
En arrivant au village, notre détachement eut la surprise de
découvrir, sous un énorme baobab, un grand indigène « wolof » aux
cheveux blancs, arborant la Croix de Guerre de 14/18 sur son
boubou bleu ciel.
Dans un « garde à vous » impeccable, il nous salua.
Le roulement du tam-tam avait annoncé notre venue.
Pendant la guerre de 14-18, il ne faut pas oublier que les troupes
coloniales africaines perdirent de nombreux hommes tués ou
disparus.
Après la décolonisation de 1960, je suis retourné chasser dans
cette même région, un vieil homme me demanda quand les Français
allaient revenir !