Page 44 - Des ailes pour le Brésil
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Il pratiquait un mode d’éducation aristocratique français à la
sauce sud-américaine.
À son corps défendant, au Chili, son enfance n’avait pas été bercée
par la tendresse ni par l’affection.
Ces deux mots pendant sa douloureuse jeunesse lui furent
complètement inconnus.
Nous sommes une veille famille de France.
Notre branche sud-américaine par notre père est atypique, éclatée,
éparpillée, un modèle familial aujourd’hui devenu presque une
normalité. Pour notre lignée, il est impossible d’envisager une
réunion. Aux quelques petites réunions que j’ai assistées, elles se
sont terminées en scènes apocalyptiques.
D’abord, nous sommes dispersés géographiquement et ensuite,
nous avons beaucoup de différends à régler. Cela risquerait pendant
cette utopique rencontre de se transformer en un pugilat pugnace et
sanglant.
Les circonstances de nos différentes vies n’ont pas pu laisser
éclore ce traditionnel esprit de famille qui caractérisait jadis la France
profonde.
C’est en un sens dommage, mais nous avons acquis d’autres
énergies.
Il y a quelques années, dans l’Allier, se sont réunies plusieurs
branches de notre vieille famille, lors d’une « cousinade ».
Certaines de mes soeurs y ont assisté.
Cet évènement reste l’unique réunion de notre famille à ma
connaissance.
En somme, la structure de la famille agricole était la plus simple.
La ferme s’agrandissait avec de nouveaux enfants qui devenaient de
nouveaux couples.
Les hommes mouraient à la guerre et les aïeux finissaient leur vie en
travaillant durement la terre avec leurs rhumatismes et maladies.
Malheureusement, de plus en plus, dans nos belles campagnes, nos
courageux paysans sont en voie d’extinction, la principale cause en
est la mondialisation.