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FEUILLES MORTES
Mes feuillets de poésie, tels feuilles mortes,
En ballet tourbillonnant s'éparpillent au vent,
Cette ramure défunte, en funéraire cohorte,
Lentement consumée, y crépite son tourment.
Marquées des stigmates des hivers d'antan,
La sève d'antiques printemps a tissé leur linceul,
La rosée d'été, en spectre y a figé le temps,
Et la poussière d'automne les a vêtues de deuil.
En squelette de feuilles... mon poème va périr,
Car exsangue, entre vie et néant, à cet instant oscille,
Sans parfum à humer... sans visage à chérir,
Il n'est plus qu'épitaphe, pour mes quatrains fossiles !
RADO 1969