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        khün dans ses grandes lignes, sur L’histoire de la Dent-relique, qui narre les tribulations

        de la relique à travers le temps, et sur L’analyse du texte, qui permettra au lecteur de
        suivre le cheminement du récit et de s’imprégner de la philosophie bouddhique telle
        qu’elle est comprise et pratiquée par les habitants de Keng Tung.

        A. Les sources

               Le Mæt Lanka, que nous avons traduit par « Pèlerinage à Lanka », est consigné
        dans un manuscrit en papier de mûrier (Corypha umbraculifera) plié en accordéon.
        D’un format de 15 x 38 cm, il renferme plusieurs textes, comme c’est le cas de la plupart
        des manuscrits volumineux. Le nôtre, qui vient en premier, totalise 64 pages et chacune
        d’elles comprend 7 lignes d’écriture notées en gros caractères, ce qui en facilite la lecture.
               En préambule, Noi Bunyao ( oh«[^ipk…), un poète bien connu de Keng Tung,
        mentionne qu’à la demande d’un officier du palais qui a servi de guide aux pèlerins se
        rendant à Lanka, il a recomposé un poème pour être chanté dans les fêtes religieuses. Il
        précise aussi qu’il a commencé à réécrire le texte au onzième jour de la lune décroissante

        du deuxième mois, en l’an 1300 de l’ère Culla, date correspondant au 11 septembre
        1938 : «  C’était juste après le déjeuner, un moment tranquille où tout le monde s’apprêtait
        à dormir. A partir d’un poème en So, je l’ai versifié en Mæt pour que ma famille et
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        mes enfants le lisent ou en écoutent la lecture. Sen Thiem Khek ( clømhπ,c-j∂)  en est
        l’auteur et, pour ma part, je ne fais qu’en assurer la transcription, dans la mesure de mes
        capacités.» A la fin du poème, on peut lire : « Achevé le matin du premier jour de la
        lune décroissante du douzième mois, en l’an 1300 de l’ère Culla (10 octobre 1938). Je
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        vais maintenant observer les Cinq préceptes  et participer à la réunion sur le Sermon du
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        Vessantara .» Cette courte note montre que le poète a mis un mois pour faire le travail
        qui lui avait été commandé.
               Si on se réfère aux détails donnés dans le manuscrit, le poème original en So
        a été composé pendant ou peu après le pèlerinage à Lanka, qui eut lieu entre Décembre


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             Sen Thiem Khek est le titre donné à Jai Seng par le prince régnant de Keng Tung. La particule Sen,
        qui signifie “ cent mille ”, est un titre de mandarinat, supérieur à Muen, “ dix mille ”, et à Pan, “ mille ”. Le
        plus haut titre est celui de Pya. Dans les littératures lao et tai, Sen, Muen et Pan sont également des
        mesures de poids. Pour revenir à Sen Thiem Khek, il apparaissait comme un homme du sérail, connaissant
        apparemment tous les détours. Il devait être relativement âgé, car dans le texte il est parfois appelé Pº, ou
        “ grand-père ”.
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             Les Cinq préceptes, ou Pañcas‚la, sont les suivants : 1. S’abstenir de prendre ce qui n’a pas été
        donné, 2. s’abstenir d’enlever la vie à tout être vivant, 3. s’abstenir de toute relation charnelle illicite,
        4. s’abstenir de toute parole mensongère, 5. s’abstenir de consommer toute substance enivrante. Une
        croyance généralement admise chez les bouddhistes veut que l’observance des Cinq préceptes soit source
        de prospérité et de bonheur (A. Peltier, 2001 : 118).
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             Le Vessantara, ou Vessantara-Jætaka, est le récit de l’avant-dernière vie du Buddha. Dans ce Jætaka,
        le Bodhisatta Vessantara accomplit le Don suprême (Dænapæram‚) en faisant l’aumône de sa femme et de
        ses enfants aux brahmanes (E.B. Cowell, 1995 : V & VI, 247-305).
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