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        pratiquement les mêmes et, de part et d’autre, le poème débute et se termine par un distique.

               Le So est, par essence, populaire. C’est le style préféré des poètes pour des
        morceaux considérés comme profanes, même s’ils sont légèrement teintés de philosophie
        religieuse. Le So est généralement chanté sur des tréteaux, lors des concours organisés
        dans les fêtes. Les gagnants reçoivent des prix et leurs œuvres, consignées sur papier de
        mûrier, appartiennent désormais au domaine public.
               Le Mæt est, par définition, plus intime, plus noble, et généralement plus court. Il
        permet au poète de traiter des sujets aussi bien laïques que religieux : l’amour, avec ses
        joies et ses peines, le bonheur, notamment celui ressenti dans l’accomplissement d’un
        acte méritoire, la douleur, en particulier celle de la séparation de l’être aimé ou la nostalgie
        du village natal lors d’un voyage lointain. On reconnaît un Mæt par la formule Phaoni

        (gzÔkou˙ ), ou Phaoni rotmüa ( gzÔkou˙i˜ƒg,n√ Δ ), au début du poème. La lecture du Mæt, qui se
                                                                                  1
        situe entre la psalmodie et le chant, porte aussi un nom : Euh mæt ( vn Δ,kª) . A l’écoute
        des vers, avec son rythme et sa cadence, l’auditeur est plongé dans une douce euphorie.
               Aussi beau soit-il, le chant d’un poème finit à la longue par créer une certaine
        monotonie, ce qui amène le poète khün à insérer ici et là d’autres formes de versification,
        comme par exemple l’Ay gai ( vjkπw¡h), un vers à cinq pieds, qui débute toujours par la
        formule Oy no ( v‡oX) et se termine par Neu ( gon√) ou Heuy no ( £oX). Son apparition
        sporadique dans un poème change momentanément le rythme du chant, qui devient plus
        lent, traînant même, et l’orateur, faisant jouer les registres de sa voix, montre tout son
        talent. Généralement réservé aux passages poignants, durant lesquels l’émotion est à son
        comble, l’Ay gai fait alors vibrer le cœur de l’auditoire (A. Peltier, 2000 : 200).

               La traduction d’un poème est une tâche ingrate, car toute langue a ses particularités.
        Les artifices de la poétique, avec ses envolées lyriques mais aussi ses répétitions et ses
        redondances, nous ont contraint, dans bien des cas, à nous en tenir à l’esprit du texte.
               Dans la partie en langues occidentales, c’est-à-dire le français et l’anglais,
        nous avons choisi de traduire les vers parmi les plus représentatifs, soit 74 sur les 196
        que compte le récit. La compréhension n’en souffre pas pour autant, car les vers
        “ manquants ” ont été remplacés, de part en part, par de courts résumés.

               Dans la partie en langue thai, nous avons pris l’option de donner une translittération
        de la version originale, suivie d’une traduction intégrale de l’œuvre. Les étudiants et les
        chercheurs, qui connaissent le thai, profiteront pleinement de ce travail, aussi bien sur
        la forme que le fond.



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             Le Mæt est un genre de poème pouvant être lu par une ou plusieurs personnes à la fois. Dans ce
        dernier cas, le manuscrit est grandement ouvert. Le même contenu se trouve sur les deux pages, dans le
        sens de la longueur, mais de façon opposée. De cette façon, plusieurs lecteurs assis en rond peuvent
        psalmodier le même texte, chacun avec une tonalité différente. Le tout donne un chant à plusieurs voix, ce
        qui ajoute à l’harmonie du poème.
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