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PRESENTATION  EN  FRANÇAIS                           25




            tout autant que les phénomènes naturels, comme la pluie et la brume, y trouvent leur
            place. La profusion de rimes et d’allitérations, qui berce comme une musique, est un vrai

            “ régal ” pour les auditeurs.
                   L’histoire proprement dite du « Pèlerinage à Lanka » commence avec le désir de
            Chao Konekeo Inthaleng, le prince régnant de Keng Tung, de savoir si les textes du
            Tipi†aka, le Canon bouddhique, étaient identiques à ceux de Lanka et si les prières récitées
            par les moines étaient les mêmes de part et d’autre. Pour ce faire, il proposait aux moines
            de sa principauté de faire un pèlerinage à Lanka, l’île réputée pour avoir préservé la
            Doctrine du Buddha.
                   Un groupe de voyageurs se mit en place. Il était composé de onze moines
            (Bhikkhu), mené par le Vénérable Phra Gruba, Supérieur du Wat Hua Khwang, et d’un

            jeune novice, le Sæma◊era Chang. Sur les conseils et l’aide du Prince, un guide-
            accompagnateur se joignit au groupe, ce qui en fit un total de treize personnes. Le guide,
            qui était un officier du palais, faisait figure de chef, d’autant que ses connaissances en
                                                                                           1
            birman et en anglais se révéleront fort utiles pour le bon déroulement du voyage .
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                   Le trajet se fit d’abord sur dos de mulets jusqu’aux abords de la Salouène   puis en
            car et en train jusqu’à Rangoon. De là, les pèlerins montèrent sur un paquebot pour aller
            à Lanka. Arrivés à Colombo, ils prirent le train pour rejoindre Kandy, but de leur voyage.

                   Comme on pouvait s’y attendre, le pèlerinage se fit dans des conditions difficiles,
            car les moines ne disposaient que de peu de moyens. Sur le bateau, alors que les riches
            logeaient dans des cabines, ils étaient, quant à eux, parqués sur le pont. Exposés aux
            intempéries et souffrant du mal de mer, ils prenaient refuge dans les Trois Joyaux tout en
            se disant que leur Karma les avait aidés puisqu’il leur avait donné la possibilité d’aller à
            Lanka et de rendre hommage à la dent sacrée du Buddha.
                   En fait, tout le périple tournait autour des mérites (Puñña) gagnés par les pèlerins
            et des “ avantages ” (Ænisaμsa) qu’ils étaient en droit de recevoir. Dans les vœux formulés
            à chaque visite d’un lieu saint, ils demandaient que les mérites acquis portent leurs fruits
            (Phala), non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour ceux qui leur étaient chers. Il y
            a là comme un “ transfert de mérites ”, une tradition perpétuée par la légende de BraÌ
            Mælaya (A. Peltier, 1982 : 63-76). En effet, après une visite des enfers, ce saint homme
            racontait les supplices infligés aux damnés et exhortait des parents, qui habitaient sur

            terre, à accomplir des actions méritoires en leur faveur pour qu’ils puissent quitter les
            abysses et renaître dans un monde meilleur.


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                 Les pèlerins ont quitté Keng Tung le 9 décembre 1929. Le voyage en bateau, entamé en janvier
            1929, a duré deux semaines, autant pour l’aller que pour le retour. Le séjour à Lanka était aussi de deux
            semaines. Après avoir visité divers lieux saints de Birmanie, ils furent de retour au pays le 23 juin 1930.
            Le périple a duré en tout trois mois et demi.
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                 Deuxième grand fleuve de Birmanie, après l’Irrawaddy.
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