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               L. Finot (1917 : 72-73) décrit les Ænisaμsa comme des “ tracts ” pour expliquer

        aux moines et aux fidèles laïques les avantages qu’offrent les divers actes de piété.
        Rien qu’une simple offrande de fleurs au Buddha leur permet de réaliser tous les
        vœux : « S’ils souhaitent obtenir la dignité de roi Cakkavatti parmi les hommes, ils
        l’obtiennent ; la condition de Deva, ils l’obtiennent ; la condition de roi des dieux, ils
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        l’obtiennent ; la condition de Brahma, ils l’obtiennent ; le Nibbana , ils l’obtiennent.
        Où qu’ils aillent, ils seront honorés des hommes et des dieux. »
               Si les vœux formulés étaient plutôt sages, comparés à ceux décrits dans les textes
        bouddhiques, c’est parce que les pèlerins étaient imprégnés de la Mettæ, ou “ Bien-
        veillance ”, qui les poussait à se préoccuper du sort de leurs semblables, retenus comme
        eux dans le Cercle infernal des renaissances (Va††asaμsæra). La beauté des sentiments
        est une notion qu’on retrouve souvent dans les grands classiques de la littérature
        khün, en particulier dans les Jætaka populaires, qui exaltent les Perfections (Pæram‚)
        accomplies par un Bodhisatta dans sa longue quête en vue de devenir Buddha.

               Sur le chemin qui les ramenait à Keng Tung, les pèlerins visitèrent tous les lieux
        saints de Birmanie qu’il leur était possible de faire. Pour eux, ces lieux étaient des BraÌ
        Dhætu ( ~rT˚ª 1  ), c’est-à-dire des sites renfermant des reliques saintes. Ce faisant ils ne
        manquaient pas d’obtenir encore et toujours des mérites, lesquels ne manqueraient pas
        d’influer favorablement sur leur Karma, aussi bien au cours de la présente existence que
        lors des prochaines vies, avec le secret espoir de parvenir au Nirvæ◊a.


        Conclusion


               Le Mæt Lanka, ou « Pèlerinage à Lanka », est, à notre connaissance, la seule et
        unique relation de voyage rédigée par un Khün. C’est l’histoire d’un voyage fait à Lanka
        par un groupe de moines originaire de Keng Tung. A la fin du récit, prétextant qu’il reste
        des pages disponibles, le versificateur ajoute sept quatrains, en plus des deux distiques
        du début et de la fin, où il fait part de ses impressions sur le pèlerinage auquel il aurait
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        aimé se joindre  . Cet ajout s’apparente aux “ Complaintes ”, un genre littéraire assez
        répandu dans la prosodie khün.

               Tout au long du récit, qui est un long poème, l’accent était mis sur le Karma qu’il
        fallait sans cesse améliorer pour rompre le Cercle des renaissances et atteindre le Nirvæ◊a.
               Quant aux pèlerins, ils étaient heureux d’accumuler des mérites, aussi bien pour
        eux-mêmes que pour ceux qui leur étaient chers. Cette forme d’altruisme s’explique par



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             Forme pælie de Nirvæ◊a.
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             Noi Bunyao, le versificateur, intervient de temps à autre dans le texte en se lançant dans des
        considérations personnelles. Il est difficile, dans certains quatrains, de distinguer sa part et celle qui
        revient à l’auteur, Sen Thiem Khek.
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