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PRESENTATION  EN  FRANÇAIS                           21




            1929 et Juin 1930. Sen Thiem Khek, qui en est l’auteur, n’a donné son texte à Noi
            Bunyao, pour être reversifié en Mæt, que dix ans après, en 1938. Entre temps, les choses

            avaient changé. Chao Konekeo Inthaleng n’était plus et la régence fut assurée par ses
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            fils, dont Chao Kong Tai , qui monta brièvement sur le trône de Keng Tung.
                   A en juger par l’état du manuscrit, usé mais en bon état, et par les annotations du
            poète, on peut dire qu’il s’agit ici d’une pièce originale et non d’une copie. Le Mæt Lanka
            se trouve actuellement au monastère du Wat Chiang Yün, sous la bonne garde de Somdech
            Ajñædhamma ( l˜≤gfº vk=3kT,≤N), le Patriarche du Saßgha de Keng Tung. Il nous a autorisé
            à en faire une numérisation, que nous tenons à la disposition des chercheurs et des étudiants
            au Graduate School de l’Université Rajabhat de Chiang Mai.


            B. La langue du texte et la traduction

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                   Tout comme les littératures lao et tai  de la péninsule indochinoise, la littérature
            khün se distingue par des formes de versification variées, allant du plus simple au plus
            sophistiqué. Dans nos précédentes publications, nous avons consacré de longs chapitres
            à la poésie lao et tai dans son ensemble. Dans cet ouvrage, nous ne mentionnerons que le
            So et le Mæt, qui comptent parmi les plus prisés de la prosodie khün.
                   Avant tout, nous pensons qu’il est utile de préciser que le texte, tel qu’il est présenté
            dans le manuscrit, n’est pas découpé en vers. Les mots se suivent, l’un après l’autre.

            C’est au poète, qui lit ou chante l’épopée, de lui donner un relief particulier et un rythme
            approprié en s’appuyant sur les points de repère. Pour ce qui est de la versification du
            Mæt, nous avons, lors d’un récent séjour en Birmanie, pris conseil auprès d’un lettré bien
            connu de Keng Tung. Le texte final en khün, tel qu’il est donné dans cette publication, et
            sa translittération en thai, répond donc aux règles bien précises de la métrique du Mæt.
                   Les poèmes ou les grands classiques de la littérature khün sont généralement lus
            devant un auditoire. Dans la tradition locale, il est rare qu’un lecteur parcoure le texte
            qu’il a sous les yeux sans prononcer un seul mot. A vrai dire, il ne lit pas mais chantonne
            à mi-voix, savourant ici et là les passages où les rimes bien placées donnent toute leur
            beauté aux vers.
                   Si une comparaison pouvait être faite, on peut dire que le So est très proche du
            Mæt, sauf que le premier se présente comme un tercet, et le second comme un quatrain.
            Les règles de versification, fondées aussi bien sur les tons mélodiques que les rimes, sont


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                 Chao Kong Tai régna de Janvier à Octobre 1937 puis fut assassiné lors d’une fête religieuse, à la
            sortie du Carême bouddhique. Une longue période de régence s’ensuivit avant de voir Chao Sai Luang
            monter sur le trône de Keng Tung, en 1947, comme Prince régnant.
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                 Notons que Thai se rapporte à l’ethnie principale peuplant la Thaïlande, tandis que Tai désigne les
            ethnies apparentées aux Thai (Siamois) vivant à l’intérieur et à l’extérieur de la Thaïlande ; parmi ceux-ci
            citons les Lao, les Yuan de Chiang Mai, les Shan, les Khün de Keng Tung et les Lü du Xishuangbanna
            (Yunnan, Sud de la Chine).
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