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PRESENTATION EN FRANÇAIS 23
C. Histoire de la Dent-relique
Après les funérailles du Buddha, les Malla de Kusinæræ voulaient garder pour eux
les reliques, puisque le Bienheureux s’était éteint sur leur territoire. Mais les peuples
voisins revendiquèrent aussi leur part pour élever des stupas (reliquaires) et les Malla
ne furent pas en mesure de résister à une coalition formée contre eux. Le brahmane
Do◊a apaisa chacun en faisant accepter une répartition des ossements en huit lots. La
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tradition voulait que les Dieux et les Næga aient reçu les uns et les autres un tiers des
reliques, le dernier tiers restant aux hommes (J. Filliozat, 1953 : 491-492).
Lors du partage, le brahmane aurait dissimulé dans son turban la canine supérieure
droite du Buddha. Jugeant que le brahmane n’était pas en mesure d’honorer dignement
la sainte relique, le dieu Indra s’en saisit et la plaça dans le Cº¬ama◊icetiya du ciel des
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Tævatiμsa . Le brahmane aurait subtilisé deux autres dents canines, mais l’une aurait été
accaparée par un Næga, et l’autre volée par un homme qui l’emporta avec lui à Gandhara.
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Reste la quatrième dent, la canine supérieure gauche . Selon la chronique du
Dæ†hævaμsa (Malalasekera, 1960 : I, 1069), elle aurait été ramassée par un disciple du
Buddha, sur les lieux de la crémation, et donnée au roi Brahmadatta qui en fit un objet de
culte en élevant un palais pour l’abriter.
Les années s’écoulent et les siècles se succèdent. Les croyances changent, et les
hommes aussi. A plusieurs reprises, la dent sacrée faillit êre détruite par ceux qui
n’avaient pas la foi dans le Bouddhisme et qui ne comprenaient pas comment on pouvait
vénérer un bout d’os, aussi sacré fût-il. Le roi de Dantapura, la “ Ville de la Dent ”, prit
alors la décision de mettre la relique en lieu sûr, dans un autre continent. Pour ce faire, il
chargea sa fille, la princesse Hemamælæ, et son gendre, opportunément appelé Danta,
c’est-à-dire “ la dent ”, de prendre la relique avec eux et de se rendre à Lanka. Cachant la
précieuse relique dans son chignon, la princesse et son mari arrivèrent à bon port et la
remirent au roi Sirimeghava◊◊a (362-409 A.D.) qui la garda précieusement dans le
Dæ†hædhætu-ghara, la “ Maison de la Dent ” (John Strong, 2004 : 190-196).
Les tribulations de la Dent-relique ne s’arrêtèrent pas pour autant. Au gré des
événements, elle passa d’une ville à une autre pour finalement trouver son point de chute
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à Kandy, au XVI siècle, où une fête est organisée tous les ans en son honneur. C’est le
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Etre mythique apparenté au serpent et vivant généralement dans l’eau. Dans quelques-uns des grands
classiques lao et tai, ils n’habitent pas dans un fleuve ou un lac mais dans un magnifique royaume situé
sous terre.
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Le Cº¬ama◊icetiya est un reliquaire érigé dans le ciel des Tævatiμsa par le dieu Indra pour contenir
le chignon puis la dent canine du Buddha. Une description détaillée de cet étage céleste est donnée dans
Les Trois Mondes de G. Cœdès et C. Archaimbault (1973 : 162-164).
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La tradition accorde une importance particulière aux dents canines du Buddha car toutes les paroles
qu’il a prononcées dans son enseignement passent par elles.

