Page 114 - L'Empreinte du temps
P. 114
Le légiste commença à observer attentivement chaque trace de
lacération, les décrivant avec la plus extrême précision en utilisant un
petit dictaphone et son micro-cravate. Clarice d’un geste explicite de
la main sur sa bouche fit comprendre à son collègue qu’il ne fallait
surtout pas intervenir. Ne pas poser la moindre question sous peine
d’encourir la colère du médecin. Au bout d’une dizaine de minutes
celui-ci sortit de la transe dans laquelle il semblait s’être plongé au
point de devenir totalement indifférent au monde extérieur.
- Vingt-trois, annonça-t-il d’une voix fiévreuse.
- C’est-à-dire ? Questionna Clarice qui ne comprenait pas l’annonce
de ce chiffre.
- Il y a très précisément vingt-trois lacérations sur le corps de cette
femme. Pas une de plus et pas une de moins.
Philippe attira l’attention de sa collègue en lui glissant rapidement
à l’oreille le fruit de la pensée venue instantanément à l’esprit à
l’annonce de ce chiffre, « exactement comme le numéro de la rue des
souvenirs où elle vivait ». Clarice n’en perçut qu’une vague vibration,
se lançant déjà dans la prochaine question qui la tenaillait.
- Pouvez-vous Docteur identifier la nature de l’objet utilisé pour
commettre ces lacérations ?
- Pas un scalpel en tout cas, les plaies sont beaucoup trop larges. Je
pencherais assez pour un travail exécuté à l’aide d’un cutter ou
quelque chose du même genre.
- Ce pourrait être un couteau peut-être ?
- C’est toujours possible mais je ne crois pas que ce soit le cas. Sur
autant de lacérations, à moins d’une minutie extrême, la lame d’un
couteau se serait nécessairement enfoncée plus ou moins
profondément dans la chair à un moment ou à un autre. Alors que
dans le cas présent j’ai relevé une profondeur de coupe relativement
identique correspondant a priori à la profondeur de dégagement
d’une lame de cutter.
114