Page 112 - L'Empreinte du temps
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propos, je voulais juste dire qu’il fallait qu’un OPJ assiste à cette
autopsie, pas que ta présence était inutile.
Elle s’emmêlait plus que jamais dans sa tentative de justification
et Philippe dut venir à son secours.
- Inutile de perdre ton temps à tenter de m’expliquer. J’avais bien
compris qu’il n’y avait dans ton esprit aucune volonté de me blesser.
Par contre, en ce qui concerne mon souhait ou non de t’accompagner
je vais te le résumer ainsi. Nous formons une équipe pour le meilleur
et pour le pire. Et même si j’ai bien conscience qu’assister à une
autopsie, puisque ce sera ma première, est à classer assurément
parmi le pire, je tiens à être avec toi.
Clarice ne put ajouter le moindre mot tant elle était étreinte par
l’émotion.
Lorsqu’ils arrivèrent au bloc en courant plus qu’en marchant,
l’autopsie venait tout juste de commencer. Clarice salua le légiste et
lui présenta rapidement Philippe qui tenta de se concentrer sur le
visage du praticien afin de détourner son attention de ce corps
humain entièrement nu qui gisait sur la table en inox. Il prit
conscience d’une certaine forme d’indécence, de voyeurisme,
qu’exigeait ce type d’exercice et tenta de se convaincre de sa
nécessité en se disant que cela permettrait, selon l’expression
consacrée, la manifestation de la vérité. La réalité pour l’instant était
surtout constituée par cette femme dont le souffle de vie s’était
irrémédiablement échappé. Ne laissant plus guère qu’un corps inerte
constitué de chair et d’os. Aussi bien Clarice que Philippe l’avaient
vue étendue, ensanglantée, à son domicile mais l’impression était
aujourd’hui bien différente. Les traces de sang avaient été nettoyées
et n’eurent été les nombreuses traces de lacération qu’elle arborait
sur tout le corps on aurait pu penser une courte seconde qu’elle
reposait sur cette table pour y dormir. Une très courte seconde
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