Page 115 - L'Empreinte du temps
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Clarice fit la grimace à l’écoute de ces informations. Il n’y avait rien
de plus commun qu’un cutter que l’on pouvait tout autant trouver
dans n’importe quel magasin de bricolage que dans les rayons Brico
de l’épicerie du coin. Creuser cette piste équivaudrait à rechercher
une aiguille non pas dans une meule de foin mais dans des centaines
voire des milliers.
- Docteur, puis-je me permettre une autre question ?
- Allez-y jeune fille, profitez, lâcha-t-il en riant.
- Concernant la main droite sectionnée, l’objet utilisé pour procéder
à cette opération était-il également un cutter ?
- Avant que vous n’arriviez j’ai observé en détail cette amputation qui
semblerait également avoir été réalisée à l’aide d’un cutter. Le même
que pour les lacérations, possible mais utopique sans analyses
complémentaires de l’affirmer maintenant avec certitude.
- Est-ce l’œuvre d’un professionnel ? Je veux dire de quelqu’un s’y
connaissant en anatomie ou par exemple le travail d’une personne
rompue dans son quotidien à l’abattage et la découpe de volailles.
Par exemple ?
- Vous ne voudrez évidemment pas m’en dire plus mais je présume
que votre exemple n’est pas pris au hasard n’est-ce pas ?
- Disons que le hasard peut parfois bien faire les choses…
- En tout cas je peux vous affirmer que si l’auteur de cette amputation
est un membre du corps médical je n’aimerais pas avoir à faire à lui
si je devais me faire opérer. Même un interne peu doué aurait fait
nettement mieux. L’amputation a été réalisée alors même que la
victime était encore vivante. On distingue superficiellement une
incision nette réalisée d’une main ferme puis ensuite, à mon avis dès
lors que le sang s’est mis à gicler, c’est devenu de l’acharnement et
de la boucherie pour parvenir au résultat final. De là à en conclure
que cette intervention était le fruit de quelqu’un travaillant dans un
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