Page 156 - L'Empreinte du temps
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consacrée,  comment  ses  empreintes  digitales,  faites  de  chair,
          auraient-elles pu se transmettre à SOURIQUET ?
          - J’ai bien une théorie qui me vient à l’esprit mais j’ai bien peur que
          cela ne fasse que s’aggraver l’idée que tu as de moi. Au point où tu
          risques de me prendre pour une aliénée mentale.
          -  Au  cas  où  tu  l’aurais  oublié  notre  « remue-méninges »  ou
          brainstorming comme disent les anglais, a pour objectif de recenser
          toutes les hypothèses possibles, fussent-elles les plus improbables,
          fit-il en lui souriant. Je t’écoute et sache que mon opinion de toi est
          bien loin de celle que tu peux imaginer.
            Clarice  ressentit  une  douce  chaleur  s’insérer  en  elle,  heureuse
          d’entendre les mots que Philippe venait de prononcer. Elle n’eut plus
          d’hésitation à verbaliser l’idée qui lui avait traversé l’esprit. N’ayant
          pas le sentiment d’être jugée.
          -  Et  si  nos  empreintes  digitales  étaient  en  quelque  sorte  la  carte
          d’identité non pas d’un individu mais la trace physique, le témoin
          unique de toutes ses existences passées ? Cela permettrait de penser
          qu’à  chaque  réincarnation  nous  ayons  exactement  les  mêmes
          empreintes  digitales  que  celles  de  nos  êtres  antérieurs.  Le  seul
          héritage  physique  qui  nous  soit  transmis.  Pour  être  un  peu  plus
          rationnelle  sais-tu  Philippe  qu’une  coupure  et  même  une  brûlure
          profonde  du  doigt  qui  endommage  profondément  le  derme  ne
          produira  pourtant  aucune  variation  !  Les  détails  papillaires  se
          reconstituent sans cesse à l'identique.
          - L’empreinte du temps ?
          - Oui, j’aime bien cette expression assez fidèle de cette hypothèse.
            Philippe était quelque peu déstabilisé dans les fondements de ses
          connaissances remises en question aussi brutalement mais il n’était
          pas  dans  sa  nature  de  rester  enfermé  dans  ses  convictions  en
          demeurant sourd aux objections. Mieux même il éprouva l’envie, vis-
          à-vis de Clarice de faire un pas dans sa direction.
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