Page 16 - L'Empreinte du temps
P. 16
judiciaire n’aimaient pas employer ce terme, elle se considérait très
modestement comme une « profileuse » en herbe en cherchant à
déterminer le profil psychologique de l’auteur de cet homicide. Elle
avait lu et relu des tonnes d’ouvrages, souvent américains, sur le sujet
en ayant cependant parfaitement conscience qu’il ne s’agissait pas
d’une science exacte. Dans le cas présent, ce fameux profil serait
difficile voire impossible à tracer compte tenu des aspects en
apparence contradictoires du mode opératoire mis en œuvre. S’il
s’agissait d’un crime crapuleux, pourquoi s’être ainsi acharné sur la
victime ? S’il s’agissait d’une vengeance, pourquoi avoir emporté les
globes oculaires et la main ? Un trophée, envisagea-t-elle sans
certitude. La seule qu’elle possédait étant que cette enquête hors
norme devrait rester la sienne, n’imaginant pas en être dessaisie.
Elle referma son bloc et quitta la pièce non sans avoir jeté un
dernier regard sur ce visage et ses deux orbites vides. L’objectif
désormais était de rentrer au plus vite au commissariat pour rédiger
ses premières constatations aussi bien parce qu’elles étaient encore
toutes fraîches dans son esprit que pour marquer sa prise de
possession de cette enquête. Sur place, à cette heure tardive de la
nuit, il n’y aurait rien d’autre à faire mais elle se promit d’y retourner
dès le début de matinée afin de réaliser son enquête de voisinage. A
condition toutefois d’être déliée de sa permanence de semaine car il
n’y avait que dans les films ou les séries télé que les flics pouvaient se
consacrer en exclusivité à une enquête. Dans la réalité qui était la
sienne, elle devrait normalement s’occuper également des autres
affaires en cours, y compris les autres urgences.
Lorsqu’elle revint dans le couloir le jeune gardien était aux côtés
du Brigadier dénommé LEPAUL si sa mémoire était bonne. Elle n’avait
encore eu que peu d’occasion de travailler avec lui mais elle l’avait
jugé comme fiable et sérieux.
- Bonjour.
16