Page 18 - L'Empreinte du temps
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La rédaction d’un Procès-Verbal n’avait rien d’un exercice
littéraire. Il fallait consigner les faits et rien que les faits. Pas de place
pour les doutes, les questionnements ou l’intime conviction. Cette
dernière demeurant l’apanage exclusif des juges, seuls aptes à
prendre en compte l’acte à juger et la personne dans leur réalité et
leur subjectivité.
Clarice allait procéder, une nouvelle fois, à la relecture du PV
qu’elle venait de rédiger lorsqu’elle fut interrompue par la sonnerie
du téléphone. L’appel interne provenait du poste à l’accueil. Elle
décrocha en redoutant déjà de devoir interrompre le début de cette
enquête pour s’atteler à une nouvelle urgence requérant sa présence
d’Officier de Police Judiciaire.
- Clarice c’est l’accueil. Il faut que tu montes chez le patron illico
presto. Il t’attend.
Par réflexe tout professionnel, comme si plus tard elle devrait
consigner tout cela dans un rapport, elle alluma son portable afin de
connaître l’heure exacte. Les diodes affichaient à peine six heures
passées de quelques toutes petites minutes. Ce n’était pas une heure
habituelle pour le commissaire lequel d’ordinaire arrivait vers neuf
heures. Elle se demanda si c’était un bon ou un mauvais signe et
fataliste autant que volontaire elle gagna rapidement la cage
d’escalier. Le bureau du patron se trouvait au dernier étage du
bâtiment, au fond du couloir du quatrième étage. Elle frappa à la
porte légèrement entrouverte et le commissaire l’invita aussitôt à
entrer. Manifestement il l’attendait vraiment. L’homme était assis
dans un fauteuil de cuir noir et chose curieuse qui l’étonna, elle le vit
pour la première fois sans son éternel costume cravate. Tout comme
elle, il portait un jean ainsi qu’un pullover dont les manches étaient
rapiécées aux coudes. Les anciens lui avaient expliqué qu’avant d’être
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