Page 23 - L'Empreinte du temps
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pleines  d’un  sang  qui  n’était  manifestement  pas  le  sien.  Pour  se
          retrouver  également  en  possession  de  cette  main  humaine.  Il  la
          considéra d’un regard alors qu’elle gisait à ses pieds. Ce n’était pas
          une imitation en plastique ou quelque chose de ce genre, c’était pour
          lui  une  certitude.  Il  la  ramassa  pour  l’observer  de  plus  près  en  la
          tenant du bout des doigts. La main était froide. Celle d’une femme
          apparemment compte tenu des deux bagues ou plutôt des alliances
          qu’elle portait à l’annulaire, jugea-t-il. Une femme sans qu’il puisse
          déterminer précisément son âge qui n’était toutefois pas jeune. La
          peau étant légèrement fripée.
          - Mais bordel ! Comment cette main a-t-elle pu se retrouver ici ?
            Il n’en gardait aucun souvenir. Pas la moindre trace. Ce dont il se
          rappelait c’est que la veille il était rentré du travail comme d’habitude
          vers quinze heures et qu’il s’était couché pour faire une petite sieste.
          Ensuite c’était le trou noir. Las de ses questions sans réponse il décida
          d’aller prendre l’air. Peut-être qu’une bonne balade me remettra les
          idées en place, considéra-t-il en forme d’espoir. Il allait s’emparer de
          son blouson avant de le rejeter aussitôt sur le sol, mû par un dégoût
          absolu en constatant que lui aussi arborait de nombreuses traces de
          sang. Il était d’autant plus nécessaire de quitter cette maison au plus
          tôt  ne  serait-ce  que  pour  faire  abstraction  de  cette  folie  durant
          quelques minutes en se vidant l’esprit. Gilles fouilla son armoire où il
          savait  trouver  un  autre  blouson,  passé  de  mode  depuis  fort
          longtemps et remisé dans un carton pour cette raison mais ayant
          l’immense avantage d’être vierge de toute hémoglobine dont il ne
          supportait plus la vue.
            Un froid vif lui balaya le visage alors qu’il était encore sur le perron
          de sa maison mais le ciel était bleu, l’encourageant à réaliser cette
          balade salvatrice. Il s’engagea sur le trottoir à droite. C’est alors qu’il
          vit un petit attroupement devant le 23, à peine à quelques dizaines
          de mètres de son domicile. Pour une raison incompréhensible à ses
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