Page 24 - L'Empreinte du temps
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yeux, il demeura brutalement figé, comme paralysé durant de
longues secondes. Un combat s’engagea intérieurement. Une partie
de lui-même voulait faire demi-tour, fuir en prenant ses jambes à son
cou et une autre partie souhaitait savoir ce qui s’était produit, comme
étant, par une forme d’intuition, la clé de ses interrogations. Ce fut la
seconde qui gagna. Il avança presque mécaniquement jusqu’à
l’attroupement et avisant l’un de ses voisins l’interrogea.
- Que s’est-il passé ?
- Bonjour Gilles.
- Pardon, oui bonjour.
- La vieille du 23 s’est fait trucider hier soir.
Ses jambes se mirent à fléchir et un instant il crut qu’il allait
tomber lourdement sur le sol. Son voisin s’en rendit compte.
- Tu ne vas pas bien ? Désolé j’ignorais que tu connaissais cette
femme.
- Je ne la connaissais que de vue mais cela m’a rappelé brutalement
la mort de ma propre mère, mentit-il en improvisant une explication
aussi plausible que possible.
- D’autant plus désolé Gilles.
- Non, ce n’est rien. Ce n’est pas grave. Mais dis-moi, on connaît
l’assassin ?
- Pour l’instant personne ne sait grand-chose. Les policiers sont restés
muets et il n’y avait rien dans le journal ce matin. On sait simplement
qu’elle s’est fait assassiner et qu’il y avait beaucoup de sang partout
d’après le gars qui a prévenu la Police. C’est le retraité du 11, tu sais
celui avec l’épagneul breton qui nous colle toujours des merdes sur
le trottoir. Je ne me rappelle jamais de son nom…
- DUBONNET
- Ouais, c’est ça. Et bien cette nuit il faisait pisser ou chier son sale
clébard et il a vu que la porte de la vieille était entrouverte. Il est entré
et il a vu qu’elle était raide morte. Alors il a prévenu la Police. Ils ont
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