Page 26 - L'Empreinte du temps
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L’enquête de voisinage était un acte incontournable de la procédure
bien que dans la plupart des cas son intérêt soit limité voire
inexistant. Même ceux qui avaient vu ou entendu quelque chose
préféraient généralement rester muets. C’était ainsi sauf qu’il
convenait de fermer toutes les portes procédurales afin de ne pas se
voir reprocher par un avocat ou un procureur de la république une
quelconque carence, qui serait baptisée du doux nom de
« négligence » lors d’un dossier se retrouvant devant une Cour
d’Assises. En quelque sorte une perte de temps nécessaire. Un peu
moins contraignante que la précédente considéra positivement
Clarice. Une violente agression en plein jour dans le square de l’une
des cités réputées difficiles de l’agglomération et par conséquent des
centaines d’appartements dans lesquels les policiers n’étaient pas
nécessairement les bienvenus, qu’il lui avait fallu arpenter durant
deux journées complètes avec un autre collègue. Pour un résultat nul,
la loi du milieu que l’on pouvait résumer à « ferme ta gueule si tu ne
veux pas qu’il t’arrive la même chose » ayant parfaitement été
appliquée. Dans le cas présent c’était différent. Un quartier tranquille
composé uniquement de petits pavillons érigés au début des années
quatre-vingt. Pratiquement tous occupés par leur propriétaire. En
moins de deux heures l’opération avait été terminée et aurait pu
s’achever encore plus rapidement si certains n’avaient pas cherché à
obtenir auprès de Clarice quelques précieuses informations pour
alimenter la rumeur ou se remplir de fatuité d’avoir eu l’info
« exclusive ». Bien entendu comme d’habitude dans ce genre
d’exercice il y avait les absents que l’on se promettait de revenir voir
plus tard et que l’on finissait généralement par oublier en étant pris
dans l’engrenage infernal du temps qui courait inlassablement et ne
pouvait jamais être rattrapé.
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