Page 29 - L'Empreinte du temps
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toujours par s’atrophier s’il n’était pas ou peu sollicité. Le cerveau ne
          dérogeait pas à cette règle physiologique.
           En France,  c'est  à  partir  d'octobre 1902,  après  le  ralliement
          tardif du criminologiste Alphonse Bertillon, créateur, propagateur et
          ardent  défenseur  de  sa  propre  méthode  d'identification,  que  les
          empreintes digitales sont devenues l'une des principales preuves lors
          des  enquêtes  policières,  après  que  l'étude  des  traces  digitales  a
          conduit  à  l'arrestation,  pour  le  meurtre  d'un  jeune  domestique,
          d'Henri-Léon  Scheffer,  déjà  fiché  pour  vol  et  abus  de  confiance.
          En 1907,  une  commission  de  l'Académie  des  sciences conclut  que
          la   «valeur  signalétique  » des  empreintes  digitales «  est  au  moins
          égale à celle de tout autre ensemble de caractères physiques», ce qui
          élève  cette  technique  au  rang  de  preuve.  Dès  lors,  les  services
          judiciaires  de  la  police  française  établissent  des  fichiers
          décadactylaires  (dix  doigts)  et  monodactylaires  en  1904.  Edmond
          Locard,  le  « père  de  la  police  scientifique »,  complète  en 1912 la
          dactyloscopie par la « poroscopie », c'est-à-dire l'étude des pores de
          la peau, en se basant sur le fait que les motifs formés par les pores
          sont aussi uniques que ceux des sillons. Il faudra toutefois attendre
          1987  pour  créer  le  Fichier  Automatisé  des  Empreintes  Digitales
          (FAED) permettant la numérisation, le traitement et la comparaison
          des empreintes digitales et palmaires. Le principe de reconnaissance
          d'empreinte palmaire est le suivant : un logiciel quadrille la paume de
          la main en seize zones de la taille d'une empreinte digitale. Comme
          pour la reconnaissance des empreintes digitales, il faut, pour qu'un
          résultat  soit  jugé  positif,  qu'au  moins  douze  points  d'une  trace
          correspondent parfaitement à ceux d'une empreinte recensée dans
          le FAED.
           Les  heures  s’égrenaient  et  Clarice  finissait  par  tourner  en  rond
          comme un lion en cage. Plusieurs fois elle eut la tentation d’appeler
          l’IJ pour savoir à quel stade en était ce fameux rapport qui devrait, du
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