Page 32 - L'Empreinte du temps
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conjointement cette impression de vertige si particulier que son sens
          de l’équilibre s’en trouvait déréglé au point de pouvoir tomber à tout
          moment. Puis il suffisait d’accomplir, généralement avec beaucoup
          de difficultés, quelques mètres à peine pour qu’il retrouve sa stabilité
          tant physique qu’émotionnelle.
            Sa pile de journaux sous le bras il s’empressa de rentrer chez lui. A
          peine arrivé il dévora littéralement tous les articles sur le sujet de cet
          assassinat. C’est-à-dire finalement pas grand-chose, les quotidiens se
          contentant  d’évoquer  des  généralités  en  faisant  le  plus  souvent
          allusion à l’étrangleur qui sévissait sur la région depuis maintenant
          quelques années. Bien que ce nouvel homicide fasse les gros titres en
          première  page,  c’était  surtout  l’occasion  pour  les  journalistes  de
          pointer du  doigt  l’incapacité  de  la Police  à arrêter  le  coupable  de
          crimes aussi abominables commis à l’encontre de femmes âgées. L’un
          d’entre  eux  encore  plus  alarmiste  que  les  autres  recommandait
          même à cette catégorie de la population de se barricader chez elles
          dès qu’elles le pouvaient. Au grand bonheur de tous les marchands
          de sécurité. Les publicités pour les alarmes, les serrures trois ou cinq
          points n’allaient plus tarder à fleurir lors des prochaines éditions.
            Finalement toute cette lecture était plutôt rassurante. Il en était
          désormais  certain  pour  avoir  relu  certains  articles  à  plusieurs
          reprises,  aucun  indice  ne  laissait  à  penser  qu’il  puisse  s’agir  de
          quelqu’un d’autre que ce fameux étrangleur. Malgré tout, quelque
          chose  ne  cadrait  pas.  Quelque  chose  qui  le  tracassait.  Il  lui  fallut
          plusieurs minutes avant d’en comprendre la raison. Hier son voisin
          avait parlé du témoignage de DUBONNET en indiquant qu’il avait dit
          qu’il y avait du sang partout. Pouvait-on être à la fois un étrangleur
          qui  ne  laissait  d’autres  traces  de  ses  actes  que  celles  de  la
          strangulation  et  se  complaire  à  répandre  le  sang  humain ?
          L’interrogation demeurait sans réponse. La seule apparente certitude
          qu’il manifestait était de croire que rien de cet homicide ne le reliait
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