Page 15 - L'Empreinte du temps
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justement de la famille ou des enfants. Ne serait-ce que pouvoir les
          aviser ou faire aviser du drame dont elle avait été la victime ainsi que
          pour l’excellente raison qu’il serait nécessaire de les auditionner.
            Clarice refit visuellement un tour complet de cette salle à manger
          et comprit rapidement ce qui la mettait mal à l’aise. Cette pièce était
          figée,  éteinte.  A  l’exception  de  quelques  meubles  basiques  et
          incontournables  il  n’y  avait  aucun  bibelot,  aucun  tableau  ou
          décoration sur les murs. Ce n’était pas simplement cette femme qui
          était morte au cours des dernières heures, c’était sa maison qui l’était
          également mais manifestement depuis bien des années.
            La policière consulta machinalement son téléphone portable qui
          lui faisait office de montre et constata qu’elle était sur place depuis
          près d’une trentaine de minutes. Elle avait griffonné plusieurs pages
          de son bloc et estima qu’elle disposait de suffisamment d’éléments
          pour dès son retour au commissariat procéder immédiatement à la
          rédaction  du  PV  de  constatations.  Elle  ne  pouvait  toutefois  pas
          s’affranchir d’observer le cadavre. Elle n’avait que des connaissances
          de base en matière médicale et d’autres nettement plus compétents
          et au premier rang le légiste décriraient précisément la nature et la
          portée des blessures mais il lui fallait observer ce corps déjà figé par
          les raideurs cadavériques.  Tenter de comprendre cet antagonisme
          qui l’avait frappé dès le premier coup d’œil. D’un côté l’acharnement
          aveugle mis par l’auteur des faits à lacérer, taillader, découper les
          chairs sur pratiquement toutes les parties du corps, les vêtements
          que portait cette femme étant presque totalement imbibés de sang
          et le fait d’avoir procédé à l’énucléation des deux globes oculaires et
          l’amputation de la main droite de manière quasi-chirurgicale pour ce
          qu’elle pouvait en juger. Clarice cherchait à comprendre pourquoi
          l’auteur  des  faits  avait  emporté  ces  organes.  Besoin  d’eux  pour
          accéder à un coffre protégé par un code digital ou oculaire ? C’était
          une  piste  à  creuser.  Même  si  la  plupart  de  ses  collègues  de  la
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