Page 82 - L'Empreinte du temps

- Et ainsi passer pour les derniers des cons parce que pendant ce
temps là le coupable s’est tout bonnement tiré ? Pas franchement
joyeux comme version si tu vois ce que je veux dire.
- De toute manière, il va falloir qu’on bouge, lâcha Philippe fataliste,
en pointant l’attroupement du doigt.
Plusieurs personnes dont certaines qu’ils reconnurent sans
difficulté les désignaient d’un bras tendu dans leur direction. Un
cameraman fendit la foule et s’approcha d’eux d’un pas rapide suivi
de près par une journaliste tenant ostensiblement un micro à la main.
Clarice ouvrit la portière de la voiture tout en intimant l’ordre à
Philippe de rester à l’intérieur. La situation était inédite pour la
policière de se retrouver ainsi face à la presse nationale. Ses membres
furent agités de tressaillements nerveux dont personne ne se rendit
pourtant compte tant elle cherchait à se donner une contenance. Il
fallait jouer un rôle et malgré son trac évident, la pièce devait
débuter. « Show must go on » comme disent les anglophones, pensa-
t-elle pour tenter de se rassurer. La journaliste lui tendit
immédiatement son micro.
- C’est bien vous qui êtes chargée de cette enquête ?
- De quelle enquête parle-t-on ?
- De celle de l’assassinat de la vieille dame du 23. On nous a dit,
enchaîna-t-elle aussitôt sans attendre de réponse, que vous réalisiez
actuellement de nombreux relevés d’empreintes dans le quartier.
Vous avez une piste sérieuse ?
Clarice repensa alors au briefing bien opportun dans le bureau de
la Juge d’Instruction.
- L’enquête suit son cours.
- C’est-à-dire ? Soyez plus précise.
- C’est-à-dire comme je viens de vous l’indiquer que l’enquête suit
son cours normal. Je n’ai rien d’autre à ajouter.

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