Page 9 - L'Empreinte du temps
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il s’agissait sans doute de sang de poulets. Une autre conclusion tout
aussi logique que la précédente qui le rassura définitivement. Dans le
même temps son mal de crâne s’effaça aussi rapidement qu’il était
apparu. Il chercha à imaginer lequel parmi ces collègues avait bien pu
avoir une idée aussi saugrenue. Il se promit qu’il ferait sa petite
enquête à moins que le coupable ne s’en soit déjà largement vanté.
Il devrait dans tous les cas avoir au moins une sérieuse explication
avec lui, ne serait-ce que pour lui avoir subtilisé les clés de sa maison
et surtout avoir saccagé sa chambre de cette manière. L’intéressé ne
perdrait rien pour attendre et sa vengeance serait terrible se promit-
il tout en souriant de la fameuse farce qu’on lui avait joué. Pour sa
part, il n’aurait pas eu autant d’imagination.
Il se leva et entreprit aussitôt de ramasser quelques livres parmi
ceux qui lui encombraient le passage pour se rendre jusqu’au couloir
puis la salle de bains afin de se nettoyer de toute cette mascarade et
enfin la cuisine dans laquelle il se préparerait bientôt un bon bol de
café noir bien chaud. L’imbécile qui avait commis cette farce morbide
avait également laissé de larges traces de sang sur le sol sans se
soucier qu’il lui faudrait maintenant des heures pour récurer le tout
sur un parquet en bois ayant imprégné une partie de l’hémoglobine.
Cela le fit nettement moins sourire. Machinalement il souleva,
courroucé, le premier volume d’une encyclopédie consacrée aux
animaux sauvages qui se trouvait juste à ses pieds. Et il la découvrit.
Une main. Une main bien humaine à côté de laquelle reposait un
lourd cutter comme ceux qu’utilisent les poseurs de sols souples.
Identique à celui qu’il avait acheté une semaine plus tôt.
Son esprit vacilla. Il chuta lourdement. Inconscient.
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