Page 38 - le barrage de la gileppe
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Et l’on en revient à la Gileppe ! Polémiques 38
Mais si l’orage s’apaisait à Eupen, les esprits s’échauffaient bien plus encore à Mais si
l'orageapaisait Eupen, les esprits s'échauffaient bien plus encore à Verviers. La dispute était
attisée par les polémiques des deux quotidiens locaux, L'Union Libérale, appuyant le
bourgmestre Ortmans-Hauzeur dans son projet d’une distribution d’eau industrielle et
ménagère, et Le Nouvelliste de Verviers, conservateur, qui s’en tenait à la thèse des
industriels, défendue notamment par Doret : l’amélioration du cours de la Vesdre.
Le recul de l’histoire rend divertissante la lecture des deux journaux de l’époque. Le
Nouvelliste et L’Union se traitaient de « moniteur du sectarisme doctrinaire » et de «
rétrograde, ennemi du progrès » en des articles de deux ou trois colonnes, vierges de titres.
La querelle était entretenue par les malheurs du réservoir de Mangombroux, près de Verviers,
qui s’était affaissé quelques mois après le commencement des travaux, et qui, réparé, ne
répondait pas aux attentes de ses constructeurs et de la population. La joute reprenait à toute
occasion : sécheresse, inondations, promesses ministérielles dont la réalisation était sans
cesse retardée, mécomptes des entrepreneurs, frais d’étude trop élevés à charge de la Ville
dont les administrateurs étaient gourmandés par le grave Nouvelliste.
Sur le chapitre du financement des travaux, les usiniers Verviétois se montraient fort
réservés. L’idée de faire servir le bassin à une distribution d’eau soulevait aussi de l’hostilité
dans les communes riveraines de la Vesdre ; Goé, Limbourg, Baelen, Bilstain et Andrimont
envoyèrent des pétitions au Gouvernement pour qu’il s’opposât à toute prise d’eau sur le lac.
Et tandis que s’élevait ce concert de récriminations, notre industrie perdait des points sur les
marchés étrangers.
Une exposition internationale s’était tenue à Londres en 1862, et le jury examinant les
échantillons envoyés par le centre textile Verviétois, émettait dans son rapport des
considérations que nos usiniers ne manquèrent pas de renvoyer à la législature. Dans ce
document, les jurés constataient que la pureté de nuances des produits textiles Verviétois
laissait beaucoup à désirer, à cause des eaux polluées de la Vesdre.