Page 34 - le barrage de la gileppe
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              Pendant une de ces promenades, il faillit avoir un accident sérieux. S’étant approché de la
           Soor, grossie par de récentes pluies, il glissa sur une pierre et tomba dans le courant, très
           rapide. Victor Doret eut grand-peine à le retirer ; mouillé jusqu’aux os, l’ingénieur gagna le
           plus proche estaminet pour s’y sécher.


              II instruisait de toutes ses vues l’usinier Verviétois en qui il avait une grande confiance. Il
           s’en tenait au projet initial, qu’épousait d’ailleurs son compagnon : retenir dans un grand
           bassin les eaux de pluie qui alimenteraient la Vesdre au fur et à mesure de ses besoins. Il

           n’était pas encore question d’une réserve d’eau potable pour la population.


              Or,  dans  ses  premiers  examens,  l’ingénieur  avait  constate  que  la  Gileppe  était la rivière
           idéale, dont le débit était de toutes le plus important.

              Assisté du commissaire-voyer Bouchez, il effectua des forages durant un an. Pendant le
           même temps, il s’inquiétait du nombre et de l’importance des usines à desservir, et cherchait le
           meilleur endroit qui s’offrît à la construction d’un barrage.


              La commune de Verviers était déjà saisie d’un projet ayant pour objet de doter la ville


           d’eaux potables et d’une proposition de M. Bidaut, inspecteur-général de l’agriculture et des

           chemins vicinaux, ayant pour objet de régulariser le cours de la Vesdre et de lui donner de

           l’eau aux époques de sécheresse, au moins en certaine quantité.

              M. Jamme proposait un wateringue, M. Gérard un canal. M. l’ingénieur Dumont voulait

           dériver la Vesdre à la Pavée-du-Diable et amener les eaux à Verviers par un canal de

           dérivation.

              M. Le Hardy de Beaulieu proposait de construire une série de barrages dans la vallée de la
           Gileppe, et à en amener les eaux à Verviers, Dison, Hodimont, Ensival au moyen de conduites
           en fonte. Il demandait l’intervention de la Commune pour obtenir le décret d’utilité publique, et
           offrait de former une Société anonyme concessionnaire qui fournirait les fonds. Il réclamait la

           propriété des études et des plans provisoires ou définitifs qu’il se proposait de faire sans

           retard.


              Dans l’appréhension que l’accueil fait à la proposition de M. Le Hardy de Beaulieu ne fût un

           obstacle à l’exécution des travaux promis par le Gouvernement, le Conseil communal écarte le
           projet Le Hardy de Beaulieu.


              » Le Gouvernement a fait examiner par un de ses ingénieurs, M. le secrétaire général
           Bidaut, s’il ne serait pas possible de régulariser le régime de la Vesdre. Ce fonctionnaire a

           résolu affirmativement cette question ; puis, secondé par M. l’ingénieur de Jamblinne, il a

           étudié divers projets ayant pour but de mettre en magasin l’eau surabondante de crues, pour

           la rendre à la rivière pendant le temps de la sécheresse. Le travail doit être exécuté dans la

           vallée de la Helle qui forme la limite entre la Prusse et la Belgique, et qui se jette dans la
            Vesdre à Eupen. Il doit coûter deux millions de francs et procurer à l’industrie le moyen de

           disposer, aux époques de sécheresse, d’une réserve d’eau de plus de trois millions de mètres

           cubes. »
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