Page 63 - LETTRES AMICALES ET AMOUREUSES
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TRAVERSEE DU DESERT
Je me souviens, c’était encore à peine hier.
Je traversais ce désert maudit, au sein duquel tu m’abandonnas jadis.
Parfois, malgré tout, j’y rencontrais ici et là de rares oasis.
Tristement je continuais ma route, espérant en arriver au bout.
Mais hélas, elle était longue, indéfiniment longue, semée d’embûches
Et, je ne pouvais guère y étancher mon immense soif.
Alors que je me croyais perdu, un souffle chaud pénétra mes oreilles.
Je crus y reconnaître ta douce voix sensuelle, envoûtante.
Je pensais être, sujet à des hallucinations voire, ensorcelé.
Je distinguais à peine au loin, un halo, une aura qui te ressemblait.
Je continuai cependant ma lente et laborieuse progression.
Cela se reproduisit encore une autre fois puis, un autre jour.
Et là, je me mis à rêver que c’était enfin toi,
Toi qui étais revenue m’insuffler l’opium nécessaire à ma vie.
Je me mis à marcher frénétiquement, nuit et jour.
Je voulais m’en sortir, t’avoir très près de moi,
Te toucher de mes frêles doigts, te caresser enfin de nouveau.
J’étais comme transporté, sur un épais nuage vaporeux.
Soudain, n’en croyant pas mes propres yeux,
Je te distinguai, dressée devant moi, réelle, belle et radieuse.
Ton sourire malicieux et tes lèvres pulpeuses,
Semblaient implorer mon généreux pardon.
Encore une fois, je crus à un quelconque mirage.
Mais, j’avais tort car je sentis sur mes joues brûlantes
D’abondantes larmes, couler comme un raz de marée,
Vers ma bouche assoiffée du désir d’y étancher ma grande soif.
Et puisque, malgré tout, tu es venue me secourir,
Je vais maintenant, cicatriser ces plaies
Qui me sont devenues superficielles, mais que j’ai mal enduré.
Je vais aussi tenter d’effacer l’immense tristesse
Dans laquelle hélas, tu m’avais plongé
Pour, retrouver cette gaieté qui est mienne
Car, mon cœur n’est plus à la dérive
Et doit battre à nouveau au plus profond de mon être, de mon corps,
Pour un avenir bien meilleur, merveilleux et serein.
Alejandro Alé