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Fonction engagement en milieu bancaire

            a. Le renforcement de la différenciation par la fidélisation : un impact limité


            Les  stratégies  de  fidélisation  des  clients  devraient,  en  théorie,  permettre  la  différenciation  de
            l’enseigne.  En  effet,  une  enseigne  qui  se  différencie  de  la  concurrence  attire  et  retient  les
            consommateurs sur des valeurs, des produits ou des services qui ne figurent pas dans l’offre de
            ses concurrents.
            Malheureusement,  dans  le  secteur  bancaire,  la différenciation  reste  extrêmement  difficile  pour
            plusieurs raisons :
               •  La réglementation des produits financiers pousse à la banalisation de l’offre.
               •  La protection juridique des innovations dans le domaine des services est très difficile voire
                  impossible. Les produits innovants et performants sont, de fait, rapidement plagiés par la
                  concurrence.
            Si  l’offre  peut  se  révéler  assez  standard,  la  manière  de  commercialiser  les  produits  et  services
            favorise la différenciation. Certaines décisions financières prises par les consommateurs ont des
            effets  importants  sur  la  gestion  de  leur  patrimoine  (emprunts  immobiliers  ou  crédit  à  la
            consommation  par  exemple)  ou  sur  leurs  revenus  (organisation  des  placements).  Dans  cette
            optique,  le  banquier  devrait  être  perçu  par  les  clients  comme  le  conseiller  expert  en  matière
            financière. Les bases de la confiance nécessaire à une relation forte et pérenne sont alors jetées.

            Dans les faits, les pratiques bancaires ne favorisent pas le développement de relations de cette
            nature, cela pour plusieurs raisons :

               •  Les  responsables d’agences  et les  équipes  qu’ils  animent  sont  les  pièces  maîtresses de la
                  relation  bancaire.  Une  constatation  s’impose  cependant  :  le  turnover  de  ce  type  de
                  personnel est très rapide (trois à quatre ans), pour des raisons d’efficacité commerciale. Cela
                  nuit à l’efficacité d’une relation « Expert », laquelle ne peut nécessairement s’apprécier que
                  sur la durée. Il est évident, et plusieurs études l’ont d’ailleurs démontré, que la stabilité des
                  chargés  de  clientèle  a  un  impact  non  négligeable  sur  la  durée  potentielle  d’une  relation
                  entre une banque et son client.
               •  De plus en plus, les décisions sont prises en amont (comité de crédits, comité de direction,),
                  ce qui limite l’autonomie du chef d’agence et casse son image de responsable. Les clients
                  perdent leurs repères et n’ont plus toujours l’impression d’avoir en face d’eux l’interlocuteur
                  qui prendra la décision finale, ce qui joue sur la confiance et la fidélisation.


            b. Les pratiques de fidélisation

                   Les contraintes d’une stratégie de fidélisation

            Certains programmes de fidélisation liés à la monétique ont pour objectifs affirmés de modifier les
            comportements  habituels  des  clients  en  les  incitant  à  utiliser  des  moyens  de  paiement  moins
            coûteux en traitement pour la banque. On citera les différentes offres autour des cartes bancaires
            qui  visent  à  encourager  leur  utilisation  au  détriment  du  chèque.  La  finalité  est  d’une  part  de
            diminuer  les  coûts,  et  d’autre part de  promouvoir  l’utilisation des  cartes  bancaires  notamment
            pour favoriser l’utilisation des GAB.

            Cette économie est sans doute intéressante financièrement et à court terme, mais elle pose bien
            entendu  la  problématique  de  l’acceptation  et  de  la  compréhension  des  clients.  On  pourrait
            imaginer  que  les  clients  modifient  leurs  comportements  suite  à  ces  incitations  de  la  part  des
            banques mais en réalité, bon nombre de clients n’acceptent cette réalité que contraints et forcés.






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