Page 91 - Les Kamasutra
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paraît désirer d’en jouir, elle doit lui être favorable, ne montrer aucun
changement de contenance lorsqu’il l’embrasse, et recevoir toutes les
manifestations de son amour, comme si elle ignorait à quoi il veut en
venir. Lorsqu’il voudra lui donner des baisers, toutefois, elle si
opposera ; lorsqu’il la priera de lui permettre l’union sexuelle, elle le
laissera tout au plus toucher ses parties secrètes, et encore avec
beaucoup de difficulté ; et, quelles que soient ses importunités, elle
ne lui cédera pas de son plein gré, mais résistera aux efforts qu’il fait
pour l’avoir.
C’est seulement quand elle sera certaine qu’elle est vraiment
aimée, que son amant lui est tout à fait dévoué et qu’il ne changera
pas, qu’elle s’abandonnera à lui, en lui persuadant de l’épouser
promptement.
Après avoir perdu sa virginité, elle en fera confidence à ses amies
intimes.
Ainsi finissent les efforts d’une jeune fille pour conquérir un
homme.
Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :
“Une fille qui est très recherchée doit épouser l’homme qu’elle
aime, et qu’elle pense devoir lui être obéissant et capable de lui
donner du plaisir. Mais si, dans un but intéressé, des parents marient
leur fille à un homme riche sans se préoccuper du caractère et de
l’apparence du fiancé ; ou encore s’ils a donnent à un homme qui a
plusieurs femmes, elle ne s’attache jamais à son mari, lors même
qu’il serait doué de bonnes qualités, obéissant, actif, robuste, sain de
corps et désireux de lui plaire de toutes façons. Un mari obéissant,
mais toutefois maître de lui-même, encore bien qu’il soit pauvre et
n’ait pas bonne apparence, est préférable à tel autre qui est commun à
plusieurs femmes, si beau et si attrayant que soit ce dernier. Les
femmes mariées à des hommes riches, qui ont beaucoup de femmes,
ne leur sont généralement pas attachées et ne leur donnent pas leur
confiance ; et, bien qu’elles jouissent de tous les agréments extérieurs
de la vie, elles n’en ont pas moins recours à d’autres hommes.
Un homme d’esprit grossier, ou tombé de sa position sociale, ou
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