Page 49 - Lux in Nocte 13
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Quelle royauté ?




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               Demain  dimanche  l'Église  célèbrera  la  fête  du  Christ  Roi  qui  clôture  l'année
               liturgique.  Mais  lorsque  nous  parlons  du  Christ  Roi,  que  voulons  nous  dire  ?
               Nombre  d'entre  nous  se  rappellent  l'ancien  cantique  emblématique  :  "Parle,
               commande, règne, nous sommes tous à toi, Jésus étends ton règne de l'Univers soit
               Roi" ou ce chant plus récent de Didier Rimaud et Jacques Berthier, ouvrant une
               autre perspective : "Il est l'agneau et le pasteur, il est le roi, le serviteur"…

               L'Évangile de demain dressera devant nos yeux la fresque impressionnante, dans
               l'Evangile de saint Mathieu, du jugement final de l'Humanité, évoquant peut-être à
               nos yeux la scène fixée par Michel Ange sur les murs de la Chapelle Sixtine à Rome,
               où nous voyons un Christ de majesté séparer vigoureusement de son bras puissant
               les  sauvés  et  les  damnés.  Etrange  conception  d’une  souveraineté  pourtant  bien
               éloignée de l’attitude de Jésus tout au long l’Evangile. Est-ce ainsi que nous devons
               nous représenter le Christ-Roi ? Revenons plutôt à la dernière phrase de l'évangile :
               Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez
               fait…

               Le jugement final serait-il autre chose qu’une revue solennelle cherchant à séparer
               le bien du mal, le royaume de lumière des ténèbres ? Certainement… Le jugement
               serait-il  autre  chose  qu’un  acte  de  justice  appliquant  rigoureusement  une  loi
               implacable devant laquelle chacun aurait tout à craindre ? Le jugement final serait-il
               autre  chose ?  Sûrement.  Mais  comment  le  dire ?  En  se  remémorant  d'abord  les
               paroles d’Ezéchiel entendues en première lecture :

               C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui le ferai reposer dit le Seigneur ! La brebis
               perdue,  je  la  chercherai.  Celle  qui  est  faible  je  lui  rendrai  des  forces.  Celle  qui  est  grasse  et
               vigoureuse je la garderai, je la ferai paître avec justice.

               Nous comprenons immédiatement qu’indissociable du Christ Roi se dresse l’image
               du Bon  Pasteur.  Nous  comprenons  que le  sceptre de ce  roi,  c’est  son bâton de
               berger. Nous comprenons que sa justice c’est avant tout l’amour et la proximité des
               siens, particulièrement des plus fragiles, des plus déshérités.

               Le Christ est-il un roi à la mesure de nos royaumes ou de nos sociétés terrestres ? A
               coup sûr, non. Est-ce une image, une parabole pour nous permettre d’accéder au
               mystère de Dieu qui récapitule tout l’univers, qui est source et accomplissement ?
               Certainement. Mais il y a là beaucoup plus qu’une image.










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