Page 49 - Lux in Nocte 13
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Quelle royauté ?
Mgr André Dupleix
Demain dimanche l'Église célèbrera la fête du Christ Roi qui clôture l'année
liturgique. Mais lorsque nous parlons du Christ Roi, que voulons nous dire ?
Nombre d'entre nous se rappellent l'ancien cantique emblématique : "Parle,
commande, règne, nous sommes tous à toi, Jésus étends ton règne de l'Univers soit
Roi" ou ce chant plus récent de Didier Rimaud et Jacques Berthier, ouvrant une
autre perspective : "Il est l'agneau et le pasteur, il est le roi, le serviteur"…
L'Évangile de demain dressera devant nos yeux la fresque impressionnante, dans
l'Evangile de saint Mathieu, du jugement final de l'Humanité, évoquant peut-être à
nos yeux la scène fixée par Michel Ange sur les murs de la Chapelle Sixtine à Rome,
où nous voyons un Christ de majesté séparer vigoureusement de son bras puissant
les sauvés et les damnés. Etrange conception d’une souveraineté pourtant bien
éloignée de l’attitude de Jésus tout au long l’Evangile. Est-ce ainsi que nous devons
nous représenter le Christ-Roi ? Revenons plutôt à la dernière phrase de l'évangile :
Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait…
Le jugement final serait-il autre chose qu’une revue solennelle cherchant à séparer
le bien du mal, le royaume de lumière des ténèbres ? Certainement… Le jugement
serait-il autre chose qu’un acte de justice appliquant rigoureusement une loi
implacable devant laquelle chacun aurait tout à craindre ? Le jugement final serait-il
autre chose ? Sûrement. Mais comment le dire ? En se remémorant d'abord les
paroles d’Ezéchiel entendues en première lecture :
C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui le ferai reposer dit le Seigneur ! La brebis
perdue, je la chercherai. Celle qui est faible je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et
vigoureuse je la garderai, je la ferai paître avec justice.
Nous comprenons immédiatement qu’indissociable du Christ Roi se dresse l’image
du Bon Pasteur. Nous comprenons que le sceptre de ce roi, c’est son bâton de
berger. Nous comprenons que sa justice c’est avant tout l’amour et la proximité des
siens, particulièrement des plus fragiles, des plus déshérités.
Le Christ est-il un roi à la mesure de nos royaumes ou de nos sociétés terrestres ? A
coup sûr, non. Est-ce une image, une parabole pour nous permettre d’accéder au
mystère de Dieu qui récapitule tout l’univers, qui est source et accomplissement ?
Certainement. Mais il y a là beaucoup plus qu’une image.
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