Page 191 - test
P. 191
comme si j’étais devenu un bloc de glace mais sans avoir froid.
Le muet de ma situation ne me permet de geindre, de
protester… En fait, je suis prisonnier et pas un frisson de
compassion de mon hôte qui s’est déplacé très en hauteur si
bien que j’aperçois au loin les lumières d’une ville dont je ne
sais le nom.
Il prend de la vitesse. Je m’accroche aux accoudoirs comme si
j’avais des griffes. Rien ne va plus, les jeux sont faits. Lesquels
d’ailleurs ? Ma vie est aux mains… euh…dans un fauteuil,
non… je respire la pénombre du brouillard qui m’enveloppe tel
un linceul de service, par habitude du client incrédule…
Et je me ressaisis comme un jobard qui vient de comprendre
tout le ridicule de sa situation. Est-ce la vitesse du fauteuil ou
celui de mon cœur qui diminue ? Qu’importe, devant moi un
lampadaire, le destin me tend une perche… verticale… mon
salut, un lampadaire illuminé et le fauteuil crie à la perdition,
s’évapore…
Et me voilà dans la posture inconfortable en haut d’un
lampadaire qui… joue du piston où est-ce les vibrations de ses
nerfs d’acier au choc ressenti de mon atterrissage… ?
— Il a mangé un sandwich avarié… un pur poison… Il est mort
dans la nuit… le pauvre…seul dans sa voiture.

