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ALINA
Il est temps de passer par le bistouri pour changer mon
apparence de… garçon manqué. En fait, j’espère retrouver
celle que j’aime qui m’impose ce sacrifice de visage au prix de
ma faiblesse. Elle me veut comme une houri, une Eve, une
Vénus… je redoute ses colères et j’appréhende ma vie sans
elle.
C’est vrai je n’ai jamais eu de penchant pour la bistouquette et
encore moins de quête pour la quéquette qui s’impose pour
mes congénères et ces mots incongrus me laissent froide
comme la piste d’atterrissage d’Oslo en hiver.
J’arrive devant la clinique et ma valise fait une sale tête comme
moi. Je suis molle, de cette mollesse qui laisse échapper le
renoncement, la porte vers la trahison, l’impalpable
effacement de mon engagement par amour.
Je regarde ce grand bâtiment de soins, aux personnels de
qualité, et aussi au coût de cette transformation en plusieurs
étapes, aux crédits, à ma vie écorchée quand elle est absente,
à ce moi qui n’est plus moi mais une autre pour une autre que
l’amour devra me… transfigurer.
Je me retourne. Allez, une tape sur la fesse, un dernier verre
au bistrot juste en face.
Aujourd’hui, c’est le grand jour. Je suis seule et ma souffrance
m’appartient… ma tendre Alina.