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             sentation des africains comme des enfants dans le film.
                       Le film montre également que sous la douceur de Bosambo se
             cache une face cachée vaillante et dangereuse. Cela est révélé dans la scène
             de combat où il affronte le capitaine des guerriers du vieux roi peu après le
             raid sur les esclaves et dans la scène où il tente d'enseigner à son fils les
             principes de survie de sa société. Dans cette dernière scène, un chant de
             guerre destiné à le dépeindre comme un belliciste est introduit :
                Sur, sur le champ de la bataille
                Faites vibrer les tambours
                Abattez-les comme du bétail
                Sur, et sur le champ de la bataille, reduissez-les en poussière, tirez, renversez,
                et fracassez, foudroyez, taillardez, combattez et tuez !

             L'incorporation de ce chant de guerre chargé de violence semble être la ma-
             nière propre au film d'expliquer les causes profondes des activités violentes
             comme les raids d'esclaves et les guerres interethniques dans les sociétés
             africaines précoloniales. Le film semble suggérer que les méthodes d'en-
             seignement en Afrique précoloniale étaient responsables des guerres inter-
             ethniques. Puisque l'un des thèmes majeurs du film est celui de la paix, la
             paix en termes de soumission totale à l'autorité coloniale britannique, le
             film tend à blâmer ce mode d'instruction pour le manque de paix dans la
             société coloniale. J'ai indiqué précédemment que Mofalaba représente l'un
             des niveaux de pouvoir et d'autorité en conflit dans ce texte, en vertu du
             fait qu'il symbolise l'autorité traditionnelle africaine. Cependant, alors que
             Sanders, son symbole d'autorité opposé, est dépeint comme un dirigeant
             juste et franc, le personnage de Mofalaba est dépeint comme un despote.
             Ce mode de représentation n'est cependant pas propre à Mofalaba. Elle est
             conforme au modèle conventionnel de représentation des souverains afri-
             cains traditionnels dans le cinéma africain colonialiste.
             Le personnage du roi Mofalaba est ainsi une reproduction de types de per-
             sonnages similaires tels que Twala dans Les Mines du roi Salomon, Magole
             dans Les Hommes des deux mondes, Simba dans Simba, etc. L'institution
             traditionnelle de l'autorité est dépeinte de manière si méprisante dans San-
             ders of the river, que personne ne peut douter de la nécessité de la présence
             impériale britannique. Ce qui est célébré dans ce cas, c'est l'efficacité du
             pouvoir indirect, comme le montre le clip de propagande :

                AFRIQUE
                Des dizaines de millions d'indigènes sous domination britannique, chaque tribu
                ayant son propre chef, gouvernés et protégés par une poignée de blancs dont le
                travail quotidien est une saga méconnue de courage et d'efficacité. L'un d'entre
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