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Femi Okiremuete Shaka / La politique de conversion culturelle   93

          taine de sa garde. Sanders répond que le capitaine de Mofalaba a entendu
          ses ordres mais ne les a pas respectés. Mofalaba rappelle à Sanders qu'il a
          promis qu'ils (les sujets de Sanders) devaient conserver leurs coutumes. Il
          informe Sanders que c'est une de leurs anciennes coutumes d'acheter des
          femmes. Sanders accepte, mais ajoute qu'il ne le permet que si la femme et
         le père y consentent. Il avertit Mofalaba qu'il ne tolérera pas l'esclavage
         dans son district. Mofalaba répond en rappelant à Sanders que ses ancêtres
         (Mofalaba) ont régné sur la région pendant trois cents ans, qu'il est le plus
         grand roi du pays. Sanders répond que son roi est le plus grand roi de la
         terre et que si les petits rois et chefs désobéissent aux ordres de son roi, il
         (Sanders) les démettra de leurs trônes.

                   A la fin de ce vif échange, Mofalaba fait une pause, puis de-
         mande à Sanders ce qu'il veut. Sanders lui dit de ramener sa lance et ses
         hommes dans son pays (celui de Mofalaba) et il (Sanders) relâchera les
         hommes de Mofalaba dans sa prison. Mofalaba répond qu'il fera ce que
         Sanders veut car ils sont tous deux amis, mais qu'il a neuf tambours de
         guerre sur lesquels sont tendues les peaux de tout chef qui l'offense. Jetant
         un regard mauvais à Bosambo, il ajoute qu'il connaît la peau qui sera tendue
         sur le dixième. Sanders l'avertit alors que s'il touche à un seul serviteur de
          son roi, ne serait-ce qu'un pigeon, alors Mofalaba ne sera plus roi. Il ajoute,
          en guise de finalité, que la réunion est terminée. Tous deux se lèvent et,
          alors que Mofalaba s'apprête à partir, il lance un regard mauvais à Bosambo.
         L'entourage part en fredonnant, et Tibbet fait remarquer qu'il sera ravi de
         tordre le cou au roi, ce à quoi Sanders répond que les contribuables britan-
         niques ne seront pas ravis. Lorsque Tibbet demande pourquoi, Sanders ré-
         pond que cela coûtera environ un million de livres, que la guerre est une
         chose coûteuse.
                   Tout au long de cette séquence, l'autorité de Sanders est visible-
         ment affichée. Ses soldats sont positionnés sur le lieu de la réunion pour
         répondre à toute éventualité si la réunion dégénérait en affrontement. Mais
         même si Sanders fait en sorte que ses troupes se tiennent prêtes pour la réu-
         nion, afin d'intimider Mofalaba, il désapprouve le droit de Mofalaba à l'au-
         todéfense.  L'autorité et le pouvoir sont  ce qui  est exposé  dans  cette
         séquence. Mais cette autorité et ce pouvoir sont, dans le contexte de cette
         séquence, liés  aux  prouesses militaires. D'après la  façon dont  Sanders
         exerce son pouvoir dans cette séquence, nous savons que l'autorité et le
         pouvoir britanniques sont établis dans le district par la supériorité militaire.
         C'est cette supériorité militaire qui donne à Sanders la seule autorité pour
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