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doux et de bonne humeur en présence de ses supérieurs ; par-dessus tout, il
est paternaliste et bienveillant envers ses sujets comme Bosambo et les chefs
locaux qu'il a nommés. L'interprétation du rôle du commissaire Sanders par
Leslie banks fut jugée si réaliste que le Ministère des Colonies en vint à
projeter le personnage de Sanders comme modèle pour les commissaires
de district nouvellement recrutés. L'un d'entre eux, Charles Alien, a expli-
citement consigné le rôle central joué par ce film dans la vie des commis-
saires de district nouvellement recrutés :
La plupart d'entre nous avaient vu un film intitulé Sanders of the River avant
de partir, et soudain, voilà la chose, et c'était réel, on marchait derrière une
longue file de porteurs et c'était exactement comme dans le film .
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Un autre parle du « Sanders of the River» dans la description de
la conduite de ses fonctions . Le personnage de Sanders est donc érigé en
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modèle idéal auquel tous les futurs commissaires de district peuvent aspirer.
Puisque Sanders est le personnage modèle et le protagoniste, tous les autres
personnages du film tendent à être définis par rapport à lui. Sanders est éga-
lement le symbole de l'inégalité du rapport de force afro-européen dans ce
texte. L'échelle de mesure des deux niveaux d'autorité en conflit est repré-
sentée sur des pôles opposés, par Mofalaba du côté africain et Sanders du
côté britannique. La séquence qui représente le plus graphiquement cette
relation de pouvoir afro-européenne inégale est celle qui traite de la ren-
contre entre Sanders et le roi Mofalaba après le premier raid contre les es-
claves. Je veux examiner cette séquence pour montrer comment le pouvoir
est projeté dans le texte.
La séquence commence par un plan moyennement long de sol-
dats montant la garde, leurs fusils à baïonnette prêts à l'emploi. Le plan est
suivi d'une coupe sur Sanders, Tibbet et Bosambo. Sanders ordonne aux
soldats de se mettre au garde-à-vous tandis que Bosambo pointe sa lance
vers le roi Mofalaba, qui arrive dans un entourage de guerriers armés. Trois
d'entre eux s'assoient alors pour attendre l'arrivée de Mofalaba : Sanders et
Tibbet s'assoient sur des chaises et Bosambo s'assoit sur le sol à côté de San-
ders. À mesure que l'entourage de Mofalaba se rapproche, les soldats s'ajus-
tent, leurs fusils à baïonnette pointant agressivement vers eux. Le film est
suivi d'une coupe arrière montrant le roi Mofalaba dans un hamac. L'en-
tourage arrive sur le lieu de la réunion en chant de guerre et une chaise est
placée pour le roi. Sanders se lève pour saluer son arrivée, tous deux se sa-
luent et s'assoient, le roi Mofalaba étant assis en face de Sanders. Un vif
échange s'ensuit entre eux, commençant par Sanders qui lui dit qu'il l'a ap-
pelé à palabrer (réunion), mais pas avec ses guerriers, et le roi Mofalaba
qui répond que la garde du petit chef de Sanders (Bosambo) a tué le capi-