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ceux perçus comme une expression des processus de libération nationale
ou de décolonisation culturelle, bien qu'il faille tenir compte du fait que les
limites varient en fonction des différentes interprétations concernées .
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En Afrique, la création de la FEPACI (Fédération Panafricaine des
Cinéastes) lors des Journées Cinématographiques de Carthage en 1969 a
été le premier pas vers une telle consolidation. Au départ, la FEPACI nou-
vellement créée s'est seulement « engagée à utiliser les films pour la libé-
ration des pays colonisés comme un pas vers l'unité africaine sous le signe
du panafricanisme ». Elle a accueilli une réunion de cinéastes du tiers-
monde à Alger (1973), et a envoyé des délégations à une deuxième réunion
à Buenos Aires (mai 1974) et à une troisième en juin 1974 à Montréal, au
Québec. La plupart des spécialistes du cinéma africain connaissent la réu-
nion d'Alger, mais pas celles de Buenos Aires en Argentine et de Montréal.
A Alger, le Comité Un de la réunion des cinéastes du tiers-monde compre-
nait des membres d'Amérique Latine (Fernando Birri, Rios Perez, Silva,
et Cedron), Moussa diakité venait de Guinée, Mohamed Abdelwahab
du Maroc, six d'Algérie (El Hachimi Cherif, Lamine Merbah, Mache
Kaled, Fettar Sidi Ali, Bensalah Mohamed, et Meziani Abdelhakim);
et un de Guinée-Bissau, une colonie portugaise toujours en guerre avec le
gouvernement de Salazar pour son indépendance .
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Il y avait également trois observateurs, un de chacun des pays sui-
vants : Suède, Guinée-Bissau et Italie. Aucun des membres de ce comité
n'était originaire des anciennes colonies britanniques ou néerlandaises
d'Afrique ou des Caraïbes, de l'Afrique du Sud, de l'Est ou même du centre.
Néanmoins, ses recommandations marqueront à jamais les films du conti-
nent pour la majeure partie de la seconde moitié du 20ème siècle. Elles
fourniront également une grille d'analyse critique, aujourd'hui très contestée,
pour l'évaluation de ces films, et ce jusqu'à la fin du XXe siècle.
Les deux plus grands contingents du Comité provenaient d'Amé-
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rique latine et du pays hôte, l'Algérie. Au sein du groupe latino-américain,
le membre le plus influent est Fernando Birri. Il avait étudié le cinéma en
Italie, au Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, avant de re-
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tourner dans son Argentine natale en 1956, un an seulement après le ren-
versement de Perón par le général Pedro aramburu. Birri était motivé
par la nécessité de documenter et d'inciter à l'action, des millions de com-
patriotes marginalisés. Il a entrepris de dépeindre les conditions de vie dra-
matiques des pauvres des villes et des campagnes en Argentine. Au début