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             similaires préoccupent les anciens du village dans le premier long métrage
             de Faye, Kaddu-Beykat / Lettre d'un village (1976), l'histoire de deux amou-
             reux qui sont séparés lorsque le jeune homme s'aventure à trouver du travail
             en ville.
                     «En étudiant les rites et coutumes africains », note Faye, en dehors
             de leurs problèmes de religion, les gens finissaient toujours par me parler
             de leurs problèmes actuels, qui étaient plutôt des problèmes de société.
             Ainsi, la pertinence sociale entre dans ses films, qui ont par ailleurs été ca-
             ractérisés comme étant de forme documentaire et ethnographique. Le mé-
             lange  particulier d'éléments  dans  ses  films,  leur mouvement pacifique,
             l'incorporation sensible du rituel, constituent une contribution distinctive à
             la grammaire du cinéma africain par la première réalisatrice noire africaine.

                     Sey Seyeti / One Man, Many Women (1980) de Ben Diogaye Beye,
             lie les interconnexions lâches de la narration orale aux problèmes de la po-
             lygamie. Certains de ces problèmes touchent Nder, un musulman qui a deux
             femmes, dont la plus jeune est trompée par un marabout et soupçonne l'autre
             d'avoir causé la maladie de son enfant. Dans un autre brouillage de relations,
             Fatou, qui a promis à son amant de divorcer du mari que ses parents lui
             ont imposé, annonce un nouveau jour après que son amant en a épousé une
             autre  et l'invite  à  devenir sa seconde  épouse.  Ben  Beye's  est  un film
             intelligent,  divertissant  et  qui  donne  à  réfléchir,  indépendamment  de  la
             controverse qu'il a suscitée quant au traitement d'un sujet qui exige de la
             sensibilité.

                     N'Diangine (1975, Sénégal), peut-être le film le plus connu de Ma-
             hama Johnson Traore, est plus proche d'une dénonciation. Le titre fait ré-
             férence à un élève d'une école coranique qui est victime d'abus de la part
             d'un marabout corrompu. Le marabout profite du travail de ses élèves alors
             qu'il ne leur apprend qu'à réciter des versets de l'Écriture qu'ils ne savent
             pas lire. Cette étude émouvante et bien coordonnée se termine dans l'an-
             goisse de la fuite du garçon vers la ville, où il est tué par l'auto d'un bureau-
             crate indifférent.

                     Les futures discussions sur la tradition orale dans le cinéma africain
             devront accorder une  attention particulière  à  Jom  (1981,  Sénégal), le
             deuxième grand film d'Ababacar Samb-Makharam après Koudou. Mah-
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