Page 273 - Livre2_NC
P. 273
264 FESPACO/BLACK CAMERA/INSTITUT IMAGINE 12:2
similaires préoccupent les anciens du village dans le premier long métrage
de Faye, Kaddu-Beykat / Lettre d'un village (1976), l'histoire de deux amou-
reux qui sont séparés lorsque le jeune homme s'aventure à trouver du travail
en ville.
«En étudiant les rites et coutumes africains », note Faye, en dehors
de leurs problèmes de religion, les gens finissaient toujours par me parler
de leurs problèmes actuels, qui étaient plutôt des problèmes de société.
Ainsi, la pertinence sociale entre dans ses films, qui ont par ailleurs été ca-
ractérisés comme étant de forme documentaire et ethnographique. Le mé-
lange particulier d'éléments dans ses films, leur mouvement pacifique,
l'incorporation sensible du rituel, constituent une contribution distinctive à
la grammaire du cinéma africain par la première réalisatrice noire africaine.
Sey Seyeti / One Man, Many Women (1980) de Ben Diogaye Beye,
lie les interconnexions lâches de la narration orale aux problèmes de la po-
lygamie. Certains de ces problèmes touchent Nder, un musulman qui a deux
femmes, dont la plus jeune est trompée par un marabout et soupçonne l'autre
d'avoir causé la maladie de son enfant. Dans un autre brouillage de relations,
Fatou, qui a promis à son amant de divorcer du mari que ses parents lui
ont imposé, annonce un nouveau jour après que son amant en a épousé une
autre et l'invite à devenir sa seconde épouse. Ben Beye's est un film
intelligent, divertissant et qui donne à réfléchir, indépendamment de la
controverse qu'il a suscitée quant au traitement d'un sujet qui exige de la
sensibilité.
N'Diangine (1975, Sénégal), peut-être le film le plus connu de Ma-
hama Johnson Traore, est plus proche d'une dénonciation. Le titre fait ré-
férence à un élève d'une école coranique qui est victime d'abus de la part
d'un marabout corrompu. Le marabout profite du travail de ses élèves alors
qu'il ne leur apprend qu'à réciter des versets de l'Écriture qu'ils ne savent
pas lire. Cette étude émouvante et bien coordonnée se termine dans l'an-
goisse de la fuite du garçon vers la ville, où il est tué par l'auto d'un bureau-
crate indifférent.
Les futures discussions sur la tradition orale dans le cinéma africain
devront accorder une attention particulière à Jom (1981, Sénégal), le
deuxième grand film d'Ababacar Samb-Makharam après Koudou. Mah-