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Clyde Taylor / Afrique, le dernier cinéma                    265

























          Photo 3. Magou Seck dans Mossane (de Safi Faye, 1996, Senegal).

          karam met la tradition orale au premier plan avec un griot-narrateur qui
         énonce, parfois directement au public de la caméra, les vertus du jom, un
         concept wolof librement traduit par la dignité, le respect et le courage sans
         lesquels un homme n'est pas un homme. S'adressant à un groupe de gré-
         vistes fracturés par la dissidence, le griot rend vivante et pertinente la ques-
          tion du jom, illustrée par deux histoires reconstituées par des flashbacks
          dans les années 1900 et 1930.

                 Une contribution différente au langage cinématographique africain
         par la tradition orale est apportée par Wend Kuuni / Le don de Dieu (1982,
         Burkina Faso), de Gaston Kaboré. Une magnifique cinématographie de
         scènes pastorales villageoises sert de cadre à l'histoire d'un jeune garçon
         qui erre hors de la forêt, incapable de parler à la suite d'une expérience trau-
         matisante. Le garçon, Wend Kuuni, est recueilli par une famille dont la
         jeune fille l'aide patiemment à retrouver ses souvenirs. Situé à une époque
         antérieure à la présence européenne, Wend Kuuni est remarquable par sa
         simple originalité et sa poésie cinématographique. A l'instar de Jom et d'au-
         tres œuvres des années 1980, il montre ce que peut être un film africain.
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