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             Les mésaventures du panafricanisme
             cinématographique (1969-2020)


             Férid Boughedir


             Survivance du dialogue interculturel, échec de la stratégie économique
             et de l’action « corporatiste » solidaire

             (Panorama critique écrit à l’aimable demande de la Direction du FESPACO pour
                                            ème
             l’ouvrage à publier à l’occasion du 50 anniversaire de la manifestation)

             E    st-ce un hasard si en Afrique, dans la décennie écoulée, les deux mou-
                vements de révolte généralisée contre l’injustice d’un pouvoir trop pro-
              longé, deux soulèvements populaires aboutissant dans les deux cas à faire
               fuir le pays par le chef de l’État, ont un point commun qui n’a jamais été
              évoqué pour l’occasion? Ces deux pays, le Burkina Faso et la Tunisie, sont
              les seuls sur le continent à avoir organisé de façon régulière depuis au moins
              un demi-siècle, un Festival Panafricain de Cinéma avec une audience po-
             pulaire record !
                     Le panafricanisme cinématographique initié par ces deux pays ser-
             virait-il alors non seulement de vecteur de dialogue culturel régulier entre
             les deux rives du Sahara  et  entre les  différentes zones  linguistiques  de
             l’Afrique, mais aussi de vecteur de prise de conscience sociale et politique
             grâce à la force de l’image du septième art? Ce fameux rôle de « cours du
             soir », parlant même aux analphabètes, attribué d’emblée par  Sembène
             Ousmane aux cinémas africains.

                     Cette question vaut assurément la peine d’être posée pour moi, à
             l’occasion du 50 ème  anniversaire du FESPACO qui en est un des lieux de
             naissance. Il m’a semblé utile de proposer un point de vue subjectif certes,
             puisque j’en ai été l’un des acteurs. Je veux par-là contribuer à retracer en
             partie l’aventure et l’évolution à travers les institutions créées à partir de
             ce mouvement unitaire conduit essentiellement par des artistes et dénommé
             « le Panafricanisme Cinématographique ».

        I - NAISSANCE DU PANAFRICANISME CINEMATOGRAPHIQUE
        Historiquement, le concept de Panafricanisme Cinématographique est né en 1969,
        qui est à la fois l’année de la première édition non compétitive du
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